Résumé de la 132e partie n Arthur Stevens se remémore sa rencontre avec la jeune fille qu'il a adoptée et baptisée Gloria. «Pas une personne du bureau du sénateur ne risque de mettre les pieds par ici.» Pourtant, Glory portait toujours des lunettes noires pour sortir. Peu à peu ses crises de dépression s'espacèrent. Elle eut de moins en moins besoin des médicaments qu'il lui apportait de l'hospice, et elle trouva un emploi de dactylo. Arthur finit le cornet de pop-corn. Il ne quitterait pas Washington avant demain soir, après avoir vu l'émission sur le sénateur Jennings. Il n'aidait jamais les gens à s'en aller avant d'être certain que les médecins ne pouvaient plus rien pour eux, avant d'entendre ses voix lui indiquer que leur temps était venu. Pas plus qu'il ne condamnerait Pat Traymore sans preuve. Si elle ne parlait pas de Glory, si elle ne montrait pas sa photo, Glory serait en sécurité. Il s'arrangerait pour lui donner rendez-vous et ils partiraient ensemble. Mais si Glory était désignée aux yeux du monde comme une voleuse, elle irait se livrer à la police. Il le savait. Il avait vu suffisamment de gens qui avaient perdu le goût de vivre. Dans ce cas, Patricia Traymore serait alors châtiée pour ce terrible péché ! Il se rendrait dans la maison où elle habitait et ferait justice. Numéro trois cents, rue N. La maison où vivait Patricia Traymore était symbole de souffrance et de mort. Le film se terminait. Où aller à présent ? Tu dois te cacher, Arthur. «Mais où ?» Il s'aperçut qu'il avait parlé tout haut. La femme assise devant lui se retourna et regarda derrière elle. Trois cents, rue N, chuchotèrent les voix. Vas-y, Arthur. Rentre par la fenêtre. Rappelle-toi la penderie. Le souvenir de la penderie dans la chambre inoccupée emplit son esprit. Il y serait au chaud et en sécurité, caché derrière les rangées d'étagères. Les lumières se rallumèrent dans la salle et il se leva rapidement. Il ne devait pas attirer l'attention. Il irait voir un second film et encore un autre. Puis la nuit serait tombée. Existait-il un meilleur endroit que la maison de Patricia Traymore pour attendre l'émission de demain soir ? Personne ne penserait à aller le chercher là. Tu dois lui laisser une chance d'être épargnée, Arthur. Garde-toi d 'agir avec trop de précipitation. Les mots tourbillonnaient en l'air au-dessus de lui. «Je comprends», dit-il. Si le nom de Glory n'était pas mentionné, Patricia Traymore n'apprendrait jamais qu'il s'était introduit chez elle. Mais si on voyait, si on identifiait Glory, les anges châtieraient Patricia. Il brandirait la torche de la vengeance. La femme de ménage de Lila Thatcher revint de l'épicerie à 13 heures. Lila était dans son bureau ; elle préparait une conférence qu'elle devait donner la semaine suivante à l'université de Maryland sur le thème : «Apprenez à contrôler vos dons médiumniques.» Lila se pencha sur la machine à écrire, les mains crispées. La femme de ménage frappa à la porte. «Mademoiselle Lila, vous n'avez pas l'air dans votre assiette.» Elle parlait avec la familiarité naturelle d'une employée qui est devenue une amie de confiance. «C'est vrai, Ouida. Pour quelqu'un qui veut apprendre aux autres à utiliser leurs dons de médium, les miens sont plutôt embrouillés aujourd'hui. — J'ai acheté le Tribune. Voulez-vous le voir tout de suite ? — Oui, je veux bien.» (à suivre...)