La bible du spiritisme, Le Livre des esprits, paraît en 1857 et il a aussitôt un succès foudroyant. En dépit des doctrines plutôt fumeuses qu'il y développe, Kardec va recevoir le soutien d'éminents auteurs et savants : le poète Victor Hugo, l'astronome Camille Flammarion, le médecin et biologiste Richet, futur prix Nobel, le philosophe Bergson et, en Angleterre, le physicien Crookes. Il est vrai qu'il y aura aussi des critiques d'hommes de science, mais aussi de religieux et l'église catholique condamnera, comme une hérésie, le spiritisme. Si le spiritisme a eu tant de succès, c'est qu'à l'époque de son apparition, il répondait aux questions que les gens se posaient sur leur devenir existentiel. Alors que les courants scientistes développaient un matérialisme qui laissait peu de place aux aspects spirituels de la vie, il énonçait la suprématie de l'esprit. Chaque être humain, enseigne Kardec, est protégé par un ange gardien et la vie ne s'arrête pas à la mort, c'est seulement après la vie terrestre que commence la vraie vie. il enseigne aussi qu'en mourant, on conserve le contact avec les proches et les vivants peuvent communiquer avec les morts ! Le plus étrange, c'est que cette doctrine se proclame scientifique, Kardec ponctuant ses livres de découvertes scientifiques, citées comme «preuves» de sa théorie. Les vérités sont «dites» par les esprits, qui ne font que reproduire, en fait, les connaissances de l'époque... des connaissances que des découvertes ultérieures vont rendre caduques !