Un jour de juillet 1947, quelque chose est tombé du ciel près de la petite ville de Roswell, dans le sud-ouest désertique des Etats-Unis. Un demi-siècle plus tard, passionnés d'ovnis, chasseurs d'extraterrestres, illuminés ou simples curieux s'y retrouvent en masse, au début de l'été, pour la plus grande joie de la Chambre de commerce locale. Un gros titre barre la Une du Roswell Daily Record daté du 8 juillet 1947, qui va faire le tour du monde: «L'armée de l'air récupère une soucoupe volante sur les terres d'un ranch dans la région de Roswell.» La source de l'article est un communiqué tout ce qu'il y a d'officiel, rédigé par le lieutenant Walter Haut, chargé de l'information à la base militaire locale. Le démenti tombe quelques heures plus tard : l'état-major assure que les débris proviennent d'un ballon météo de haute altitude. L'émoi retombe, Roswell replonge dans l'oubli. Mais dans la petite communauté des passionnés d'ovnis, certains n'oublient pas et s'interrogent. Parmi eux, Stanton Freidman, qui en 1978 publie le premier livre accusant le gouvernement fédéral d'avoir étouffé et maquillé l'affaire. Il sera suivi de beaucoup d'autres, puis de séries télévisées comme The X-Files, qui vont populariser le nom de Roswell, devenu pour certains synonyme de conspiration. Internet ne fera qu'amplifier le phénomène. En 1991, l'ancien lieutenant Haut, à la retraite, participe à la fondation du Musée des ovnis dans un ancien cinéma sur la grand'rue. Dans la foulée est lancé le Festival des rencontres extraterrestres, qui tenait ce week-end sa 9e édition, organisée par la Chambre de commerce. Dans des hangars baptisés Hall d'exposition à la périphérie de la ville, les visiteurs peuvent pour trois dollars assister à des conférences et acheter toutes sortes de gadgets à l'effigie des petits hommes verts. Les visiteurs viennent parfois de très loin, comme Yumi Tada, étudiante japonaise de 24 ans. «J'ai vu la série télé Roswell l?an dernier. J'ai bien aimé, surtout l'acteur qui joue Max. Alors j'ai voulu venir voir», sourit-elle. Elle quittera la ville un peu dépitée de n'avoir pas vu sur les murs du musée, comme elle s'y attendait, de photos de «vrais» extraterrestres.