Résumé de la 1re partie n Le couple T. divorce. Noëlle, 37 ans, renoue avec Lucien 20 ans, un ami de son fils David. Ce qui n'est pas du goût de son ex-mari qui passe à l'action. Quant à David T., pendant tout ce temps, il ne se mêle de rien. Il ne semble pas partager la haine de son père pour Lucien, dont il connaît pourtant les relations avec sa mère. Il prend au contraire le parti de Noëlle contre son père. Le 5 avril, il va la voir et lui demande de le garder avec elle : «Papa t'a assez fait pleurer. Moi, je te défendrai contre lui. S'il te plaît, reprends-moi avec toi, je ne veux pas retourner avec lui.» Mais Noëlle T. ne peut pas. Elle le ramène chez son père. Elle expliquera : «Je n'avais pas les moyens financiers de garder deux enfants. Je lui ai dit de tracer son chemin.» C'est dix jours plus tard, le 15 avril au soir, que le drame tant redouté éclate... Lucien est avec Noëlle lorsque son mari se présente à son domicile. Soucieuse d'éviter une altercation, elle refuse de lui ouvrir. «Ne rentre pas, Lucien est là !» Antoine T. fait demi-tour et appelle au téléphone. Il veut donner un rendez-vous à Lucien pour qu'ils s'expliquent. Non seulement le jeune homme refuse la rencontre, mais il préfère quitter Noëlle et rentre chez lui. Quelque temps plus tard, Antoine revient de nouveau chez Noëlle, cette fois avec son fils David. Comme elle est seule, elle leur ouvre. C'est à ce moment précis que Lucien téléphone à son amie pour dire qui vient de rentrer et que tout va bien... Il se produit alors quelque chose d'aussi brutal qu'imprévu : David, qui était resté neutre dans le conflit, change brusquement d'attitude. Il devient fou furieux. Il prend le téléphone et injurie son ancien camarade. Noëlle précisera aux enquêteurs : «Je ne l'avais jamais vu comme cela. Il était devenu comme son père, fou de colère. Alors qu'il n'avait jamais rien dit contre Lucien, il s'est mis à l'insulter, à l'appeler le Crevé, le Branleur.» Les deux jeunes gens se fixent un rendez-vous pour s'expliquer. Ils choisissent de se retrouver à vingt-trois heures dans un bois proche du village. David y va en compagnie de son père. Dans la clairière convenue, ils ne voient que la voiture vide de Lucien. Le père s'en va. Mais David, toujours hors de lui, veut son explication. Le père fait demi-tour et revient sur les lieux. David sort du véhicule. «Lucien, je suis là !» Lucien est embusqué dans un fourré avec son fusil. Il tire et blesse mortellement David de deux balles à l'abdomen. Son père le conduit à l'hôpital de Dijon, mais malgré deux interventions, il décède le lendemain matin à huit heures. Lucien R., quant à lui, a pris la fuite. Il sera arrêté cinq jours plus tard chez Noëlle, alors qu'après avoir erré dans toute la France au volant de sa voiture il était revenu au village, sans doute dans l'intention de se rendre. Il déclare aux gendarmes, pour expliquer son geste : «Lorsque j'ai vu arriver une voiture, alors que David n'avait pas le permis, je me suis dit que c'était une embuscade.» Cela ne l'empêche pas d'être inculpé d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne de David T., plus tentative d'homicide sur la personne d'Antoine T. Et c'est sous ce chef d'accusation gravissime qu'il comparaît ce lundi 10 mai 1993 devant la cour d'assises de la Côte-d'Or. (à suivre...)