Témoin En janvier 2000, un homme vint prévenir la police de Dearborn Heights (un quartier de Detroit) qu'il avait découvert le corps d'une femme dans une rivière glacée. Le témoin, un jeune homme roux et costaud, dénommé John Eric Armstrong. Selon lui, il était allé prendre l'air, s'étant soudain senti mal, il avait eu envie de vomir. Il s'était alors penché au-dessus d'un pont et avait vu le corps sur la rive. Le corps, découvert dans la Rouge River, fut identifé comme étant celui de Wendy Jordan, 39 ans, mère de trois enfants, qui travaillait à la fois dans un restaurant et dans une station-service. Sa famille avait signalé sa disparition le 1er janvier 2000. Elle avait été étranglée et s'était débattue. Elle avait eu un rapport sexuel peu avant, et les policiers purent prélever un échantillon de sperme. Les policiers enquêteurs trouvèrent par la suite des témoins qui affirmèrent avoir vu Armstrong sur le pont avant le jour où il s'y était, soit-disant, rendu. D'autres policiers chargés de résoudre le meurtre de Wendy Jordan commencèrent à enquêter sur John Erci Armstrong. Il n'était pas à Detroit depuis très longtemps, car il venait de quitter la Marine américaine. La police discuta avec les voisins d'Armstrong pour en savoir plus. La seule activité soupçonnable dont ils purent rendre-compte fut qu'un jour Armstrong était sorti de chez lui à 5 h du matin et n'était revenu que quatre heures plus tard. Mais ce jour, précisément, était le 1er janvier 2000, le jour où Wendy Jordan avait été tuée. Les enquêteurs disposaient de quelques preuves matérielles pour travailler sur le meurtre de Wendy Jordan. Ils possédaient l'ADN du meurtrier et le médecin légiste avait trouvé de minuscules fibres sur les vêtements de la jeune femme, qui provenaient sûrement de la voiture à bord de laquelle elle était avant d'être jetée dans la rivière. Les techniciens de la police effectuèrent des tests pour identifier le type de véhicule incriminé. Les enquêteurs décidèrent de rendre visite à Armstrong, chez lui. Il les autorisa à prélever des fibres de sa voiture, et leur donna même un échantillon de sang ! Les policiers se rendirent ensuite aux laboratoires criminels de Lansing (Michigan) et attendirent les résultats des analyses. Armstrong leur avait assuré qu'il n'allait nulle part et, à ce moment précis, les policiers n'avaient aucune raison de croire qu'il puisse être impliqué dans d'autres meurtres que celui de Wendy Jordan. Ils ne savaient pas que Monica Johnson, prostituée originaire de Detroit, qui avait été découverte inconsciente et presque morte près de la Interstate 94, avait, elle aussi, croisé la route de John Eric Armstrong en décembre 1999. Monica Johnson, mère de quatre enfants, mourut à l'hôpital Ford avant d'avoir pu reprendre conscience. Les voisins d'Armstrong, le décrivant calme et sans prétention, n'avaient pas non plus de raison de suspecter quoi que ce soit. La police avait bien pénétré dans le petit pavillon qu'Armstrong partageait avec sa femme et son fils, mais les voisins pensaient que c'était juste parce que leur sympathique voisin avait eu la malchance de découvrir le corps de Wendy Jordan et que la police «cherchait un coupable, n'importe lequel». Les policiers de Dearborn Heights n'avaient aucune raison de soupçoner qu'ils avaient affaire à un tueur en série. Ils n'avaient donc aucune raison de précipiter leur enquête, au risque de bâcler leurs investigations. Ils sentaient qu'Armstrong était leur tueur. Lorsque les résultats des analyses arrivèrent en mars 2000, indiquant que les fibres découvertes sur les corps de Wendy Jordan correspondaient à celles prélevées dans la Jeep d'Armstrong, les policiers se rendirent dans le bureau du procureur général, afin d'obtenir un mandat d'arrêt. Mais le procureur refusa. (à suivre...)