Macabre La police de Detroit découvrit les corps de Kelly Hood, Rosemarie Felt et Robbin Brown. Il semblait évident, d'après leur état, qu'elles n'avaient pas été tuées en même temps. Plus de 80 enquêteurs, le laboratoire criminel et des unités canines convergèrent sur la scène et l'entourèrent d'un cordon de sécurité. Un quatrième corps fut localisé un peu plus loin, mais il apparut que ce cadavre était sans rapport avec les trois autres. Les techniciens du laboratoire scientifique déterminèrent que Kelly Hood avait été abandonnée là trois semaines auparavant, vers la mi-mars. Le corps de Rosemarie Felt avait été jeté un mois auparavant. Robin Brown avait apparemment été assassinée 12 heures avant la découverte des corps. Presque immédiatement, les autorités laissèrent savoir aux médias qu'elles traquaient un tueur en série. Avant la fin de la journée, une force de police multi-juridictionnelle fut mis en place pour enquêter sur ces meurtres : l'unité des crimes sexuels de Detroit, la Task Force des crimes violents, le FBI, la police d'Etat du Michigan, la police des chemins de fer Conrail et le bureau du légiste du comté de Wayne. Wilhelmenia Drane, qui avait été agressée non loin de l'endroit où l'on avait découvert les corps, contacta la police. Elle décrivit son agresseur et son véhicule. Les policiers pensèrent immédiatement à Armstrong. Contrairement à l'enquête concernant le meurtre de Wendy Jordan, la police de Detroit décida de «foncer». Les enquêteurs lièrent trois agressions de prostituées avec les meurtres de Hood, Felt et Brown. Utilisant la description du suspect fournie par l'une des prostituées agressées, par un travesti et par Wilhelmenia Drane, ils commencèrent à patrouiller dans les endroits où convergeaient les prostituées. Les policiers n'eurent pas à attendre bien longtemps. John Eric Armstrong fut arrêté à minuit et demi le 12 avril 2000, dans sa Jeep Wrangler noire sur la Michigan Avenue. En larmes, il n'était plus le jeune homme effronté du poste de Dearborn Height. La police de Detroit lui présenta une pile de preuves accablantes et il avoua rapidement. Il exprima des remords plusieurs fois et se mit à pleurer comme un bébé. Il expliqua qu'il avait tué ou tenté de tuer toutes les prostituées avec lesquelles il avait couché. Dans un état de catharsis, Armstrong se confessa dans une horrible litanie. Les dates, les détails, les meurtres, les agressions se déversèrent tel un torrent. Armstrong parla également à la police de meurtres dans l'Etat de Washington, à Hong-Kong, en Thaïlande, à Hawaï et au Moyen-Orient, entre 1993 et 1999. A Seattle, il avait tué un homme après une dispute. Il avait également tué deux prostituées. Il avait tué une autre prostituée à Spokane (comme R. Yates). En tout, Armstrong, entre son arrestation le 12 et sa mise en accusation le 14, fournit des détails sur près de 30 meurtres. A Norfolk, en Virginie, sa confession réactiva au moins une enquête non résolue sur un meurtre. Le corps d'une prostituée de 34 ans, Linette Hillig, avait été découvert en mars 1998, quatre jours après que le USS Nimitz ait accosté au port de Newport News, à une vingtaine de kilomètres de là. Linette Hillig avait sans doute été violée. Armstrong admit l'avoir étranglée. Les enquêteurs tentèrent de savoir s'il avait également étranglé d'autres prostituées au Japon, en Corée du Nord et en Israël, des pays dans lesquels le USS Nimitz avait fait escale. Armstrong dit à la police que sa femme était enceinte de leurs second enfant et qu'ils avaient des problèmes de couple. Lorsque les médias annoncèrent que la police de Detroit avait arrêté un tueur en série qui avait utilisé le porte-avion USS Nimitz (le plus grand navire de guerre du monde) comme un «moyen de transport pour tuer», des enquêteurs du monde entier contactèrent les policiers. Tout le monde voulu savoir si Armstrong disait la vérité, ou s'il inventait ces meurtres de toutes pièces pour «se faire mousser». Les enquêteurs furent ralentis dans leurs investigations par des rapports mal écrits ou des enquêtes bâclées. L'avocat d'Armstrong tenta de les convaincre que son client était un «avoueur en série», mais pas un «tueur en série», qu'il était juste «un jeune homme ayant des problèmes émotionnels datant de plusieurs années». (à suivre...)