Mais alors que Freud exposait ses arguments contre l'occultisme, Jung éprouve une étrange sensation, sa gorge le brûlant. A ce moment-là un craquement se produit dans la bibliothèque qui était en face des deux hommes. Freud regarde Jung, étonné. «Il nous sembla, écrit Jung dans ses mémoires, que l'armoire allait s'écrouler sur nous. C'est exactement l'impression que nous a donnée le craquement. Je dis à Freud : ”voilà ce qu'on appelle un phénomène catalytique d'extériorisation !” ”Ah, dit-il, c'est là, pure sottise !” ”Mais non, répliquai-je, vous vous trompez, monsieur le professeur. Et pour vous prouver que j'ai raison, je vous dis d'avance que le même craquement va se reproduire.'' Et de fait, à peine ai-je prononcé ces paroles, que le même bruit se fit entendre dans l'armoire. J'ignore encore aujourd'hui d'où me vint cette certitude. Mais je savais parfaitement bien que le craquement se reproduirait. Alors pour toute réponse, Freud me regarda, sidéré. Je ne sais ce qu'il pensait ni ce qu'il voyait. Il est certain que cette aventure éveilla sa méfiance à mon égard ; j'eus le sentiment que je lui avais fait un affront.» En tout cas, les deux hommes ne se sont plus revus. Freud écrira une lettre à Jung un mois après, lui reprochant d'avoir trompé sa confiance : les prétendus coups qu'il avait entendus n'étaient pas dus à des esprits frappeurs mais à des causes naturelles... Il lui reproche aussi d'avoir usé de tours de médium pour l'abuser. En conclusion il l'invite, plutôt que de chercher à imiter les médiums, à étudier leur personnalité !