Musique n Pour échapper à la douleur, El-Badji se réfugiait dans son chant qui restait, pour lui, une quête permanente de l'apaisement. L'Office national de la culture et de l'information a commémoré, hier, lors d'une soirée entièrement dédiée au chaâbi et à laquelle Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a assisté, le troisième anniversaire de la disparition de Mohamed El-Badji, mémorable interprète de la chanson chaâbie. La soirée a débuté par la projection d'un documentaire retraçant la vie et le parcours de Mohamed El-Badji, moudjahid et artiste. Ensuite, des artistes, tels Nacer Mokdad, Didi Keroum, Nacer Aya, Hakim El-Ankis, ont rendu un vibrant hommage à El-Badji en interprétant ses plus célèbres chansons telles que Falastine, Ouchak El Ouard ou encore Ana Winti Ya Guitara. Des chansons qui ont jalonné la carrière musicale de l'artiste et que les adeptes de la chanson chaâbie, notamment les plus jeunes, continuent à fredonner de nos jours encore. Le chantre de la chanson chaâbie Mohamed El-Badji, plus connu sous le nom de Khoya El-Baz, a tiré, en 2003, sa révérence, à l'âge de 70 ans. Il a marqué la chanson chaâbie en écrivant plusieurs textes pour de grands noms de ce genre musical, dont Boudjemaâ El-Ankis, Aziouez Raïs et Redha Doumaz. II est connu pour ses célèbres chansons comme Bahr Ettoufane et El-maqnine Ezzine, des chansons qu'il a écrites et chantées en prison durant la période coloniale et ce, à l'aide d'une guitare de fortune. El-Badji a été emprisonné en 1957 lors de la grève des huit jours à Serkadji où il a été torturé et condamné à mort. Cependant, il échappera à sa sentence à l'issue de l'indépendance de l'Algérie, en 1962. C'est dans cet univers carcéral, qu'El-Badji composera un de ses chefs-d'œuvre autobiographiques et allusifs racontant la beauté d'un chardonneret, mais dans une cage dorée. Mohamed El-Badji a vu le jour le 13 mai 1933 à Belcourt (Alger). Dans sa prime enfance, il fréquentera le cercle des scouts d'El-Mouradia aux côtés d'un certain Mourad Didouche et de Kaddour Abderrahmane, il côtoiera Cheikh Baâziz, Chaâbane Madani, Brahim Siket. Au début des années 1950, El-Badji participera à des fêtes populaires au sein de formations orchestrales et ce, pour ses premières armes. De 1963 à 1977, il exercera un modeste emploi au niveau du ministère de la Justice, avant de partir à la retraite. Comme la nature a horreur du vide, il s'occupera d'une boucherie à El-Mouradia. Mais son cœur battra pour ses premières amours, le chaâbi, mais avec une touche personnelle novatrice, voire révolutionnaire. Car El-Badji était, avant tout, un auteur à textes, un poète doué de ce talent déluré de grand guitariste. Et puis il se distinguait avec cette voix caractéristique, éraillée et profonde d'un écorché vif. El-Badji était respecté et estimé pour son talent de song writer au sens noble, littéraire et littéral du terme.