Désolant Envahi d?herbes folles, assiégé de masures en béton érigées dans un périmètre censé inviolable, le tombeau fait peine à voir. Sétif a une histoire maintes fois millénaire. Colonie romaine, Setifis a été fondée par l?empereur Diol à la fin du IIIe siècle. Par la grâce du grand chef militaire Salomon qui l?occupa en 739, elle devint byzantine et connut alors une renaissance remarquée. De cette période ne restent que des murs fortifiés de sa citadelle et des vestiges bien conservés. Mais beaucoup de trésors archéologiques de l?époque et de celles qui la suivirent ont disparu, depuis l?indépendance, par la faute des pouvoirs publics dont les responsables étaient ignares en la matière. C?est le cas du quartier de la Basilique dont il ne reste plus rien. Entre 1981 et 1985, les ruines de deux basiliques chrétiennes ont été ensevelies. Un théâtre devait être érigé sur le site, mais, il n?a jamais vu le jour. Le site magnifique a tout de même été sauvegardé par le wali de l?époque qui, malgré des pressions intolérables, a décidé d?ériger sur un terrain d?une quarantaine d?hectares un parc d?attraction et de loisirs plutôt que de le consacrer à la promotion immobilière qui aurait définitivement condamné le site à toute fouille. Le mausolée de Scipion l?Africain datant du IIIe siècle après J-C et situé sur les hauteurs de la ville, à proximité de l?université, a échappé, par miracle, au carnage mais le périmètre qui l?entoure et qui était censé être inconstructible et incessible, comme le stipule la loi 04-98, a malheureusement été encerclé jusqu?à devenir invisible par des bâtisses dont les promoteurs n?ont pas tenu compte des prescriptions légales et ce, avec la complicité des pouvoirs publics. Ce sont-là de véritables actes de vandalisme dont les générations futures nous demanderont, un jour, des comptes.