Régions n Sétif, encore une autre région d'Algérie, riche en contes et légendes Donnons d'abord quelques informations historiques sur cette ville et sa région. On ignore à quelle époque a été construite, mais on sait qu'elle a fait partie du royaume masseassyle. Des combats ont eu lieu près de Sétif entre les armées de Jugurtha et celles de Marius. Après l'annexion de la Numidie, les Romains se sont emparés de la région : la position stratégique de la ville, point de passage entre les régions de l'est et de l'ouest, ainsi que sa plaine fertile et ses sources abondantes, vont pousser l'empereur Nerva à y fonder une colonie pour ses vétérans. Le nom de la nouvelle cité réutilise le toponyme berbère : Colonia Nerviana Augusta Martialis Veteranorum, qui devient, sous Caracalla, Respublica Sitifensium Nerviarorum Antoniniarum, abrégé en Sétifis. C'est tout naturellement qu'à la création de la Maurétanie sétifienne, Setifis en devienne la capitale. Les Vandales, qui déferlent sur l'Afrique au IIIe siècle de l'ère chrétienne, ruinent Sétif, puis les Byzantins l'occupent et la dotent d'une muraille et d'une forteresse, construite par Salomon en 540 et dont subsistent encore des pans de murs. La ville s'islamise au VIIIe siècle. Elle dépendait du royaume aghlabide, d'origine arabe, quand les Kotama, une tribu berbère de la région, s'en emparent. Les mêmes Kotama introduisent au Maghreb un groupe de chi'ites, persécutés en Orient. Leur chef, Obayd Allah s'empare de Sétif, mais c'est à Ijdjan, non loin de là, qu'il va ériger sa capitale, point de départ d'une nouvelle dynastie qui va dominer le Maghreb, la dynastie fatimide. Les Kutama, après avoir subi la domination des Fatimides, se retourneront contre eux quand ils voudront les convertir au chiisme. Les Fatimides s'installent en Ifriqya, puis finiront par quitter le Maghreb pour l'Egypte, irrités. Pour punir les velléités d'indépendance des Berbères, ils lanceront contre eux les tribus arabes Banu Hilal et Banu Sulaym. La région de Sétif subira l'invasion. Les almoravides puis les Almohades les combattront et c'est dans les environs de Sétif que l'émir Abd el Moumen, leur fera subir une grande défaite en 1152. Après cette période, on dispose de peu d'information sur la ville, qui au XVe siècle faisait partie du royaume hafside de Béjaïa. Les Turcs l'occupent au XVIe siècle. La période est ponctuée de révoltes, telle celle de Ben Sekhri qui, en 1638, a infligé une sévère défaite à l'armée ottomane. Dans leur avancée à l'intérieur de l'Algérie, les Français arrivent dans la région en 1848 mais c'est seulement l'année suivante qu'ils l'occupent. Ils y implantent un camp militaire, construit en partie en pierres, récupérées des ruines romaines. Pour éviter les incursions des Algériens réfugiés dans les montagnes environnantes, la ville est entourée d'un mur, percé de quatre portes, ouvrant sur les routes d'Alger, de Biskra, de Constantine et de Béjaïa. En 1845, 20 000 hectares de terres sont concédés à la Compagnie genevoise qui va créer, tout autour de Sétif, des villages de colonisation qu'elle peuplera de Suisses. C'est en 1899 qu'est inaugurée la statue qui orne Aïn el-Fouara (littéralement La Fontaine du jet), œuvre du sculpteur français, Francis de Saint Vidal. Les murs de Sétif sont abattus en 1925 et remplacés par des boulevards. Lors des manifestations indépendantistes du 8-Mai- 1945, une terrible répression, se soldant par des milliers de morts, s'est abattue sur la ville. Les contes que nous donnons, ici, ont été collectés en divers points de la wilaya de Sétif. (à suivre...)