Des sites archéologiques sont victimes d'actes de vandalisme perpétrés, avec la bénédiction “officielle”, par des personnes irresponsables ayant autorisé des constructions illicites, effaçant ainsi la mémoire de toute une ville. La ville de Sétif, et ce n'est un secret pour personne, est chargée d'histoire plusieurs fois millénaire. Sitifis, colonie romaine, capitale de la Maurétanie sétifienne, a été fondée à la fin du IIIe siècle après J.-C. par l'empereur Diol. Sétif devint byzantine par la grâce du général Salomon qui l'occupe en 539 à des fins de stratégie militaire. La citadelle qu'il érigea avec ses murs fortifiés s'étalant sur 38 ha en témoigne encore. Des vestiges romains, tel le quartier de la Basilique d'une superficie de deux hectares, il ne reste, aujourd'hui, plus rien. Pour reprendre les propos du responsable de la circonscription archéologique : “Les autorités locales qui géraient la ville à l'époque sont à l'origine de la destruction des sites et vestiges historiques et archéologiques, plus exactement dans les années 1980.” Le quartier en question a fait l'objet d'un véritable massacre où deux basiliques chrétiennes ont été ensevelies. À la place devait naître un “théâtre de verdure” qui n'a jamais vu le jour. Actuellement, ce site, telle une balafre, ne ressemble à rien, envahi par des boutiques de prêt-à-porter, de gargotes, d'une aire de stationnement de taxis et de somptueuses villas. À la place de la citadelle, le parc d'attractions, une bouffée d'oxygène pour la ville, défiguré par une carcasse de 16 étages, qui a poussé sur des mosaïques très anciennes dont la valeur historique est inestimable. Les actes de pillage de l'histoire se sont poursuivis dans un laxisme effrayant. Le mausolée dit de Scipion l'Africain, datant de la fin du IIIe siècle après J.-C. a échappé par miracle au carnage, totalement encerclé par les villas d'une promotion immobilière, escamoté par le béton et totalement invisible. La distance qui le sépare des habitations est de… 5 m, alors que la réglementation stipule que le minimum devrait être de 600 m. Pourtant, la loi 04-98 est on ne peut plus claire. Aucun site ou monument archéologique ne peut faire l'objet de déclassement, mais on a fait mieux. Des actes de vandalisme ont été perpétrés avec la bénédiction “officielle” par des personnes irresponsables qui ont autorisé des constructions illicites et effacé la mémoire de toute une ville. Heureusement que les choses ont changé. Le site de Djemila, restauré par la wilaya, est actuellement protégé par un mur de clôture en construction pour lui éviter toute mise à sac. Désormais, la ville de Djemila aura son festival chaque année, le premier ayant débuté au mois d'août 2005, à la grande joie de ses habitants, qui sortiront de l'isolement dont ils ont été victimes durant des années à cause du terrorisme qui y régnait. Mais, une question nous taraude, continuellement, l'esprit : comment en est-on arrivé là et avec quels yeux “ils” admireront leur œuvre ? Le mal a été fait, il est irréparable. Nos enfants nous demanderont un jour des comptes. Farid Benabid