Résumé de la 89e partie n Pat apprend avec stupeur qu'Abigail Jennings, la sénatrice, avait utilisé la mort de son mari à des fins politiques. Cette comédie de «veuve éplorée» n'a jamais été qu'une façade. Mon fils, George Graney junior, est pilote dans l'Armée de l'air maintenant. Il n'a jamais connu son père. Mais je n'ai pas l'intention qu'un seul mensonge supplémentaire de la part d'Abigail puisse l'atteindre. Et que je gagne le procès ou non, je m'arrangerai pour que le pays entier sache qu'elle a toujours trompé son monde.» Pat choisit ses mots avec précaution. «Madame Graney, je ferai certainement tout mon possible pour que l'on ne porte pas atteinte au nom de votre mari. Mais je dois vous le dire, j'ai parcouru les dossiers personnels du sénateur et ce que j'y ai trouvé laisse penser qu'Abigail et Willard étaient très amoureux l'un de l'autre.» Catherine Graney prit un air méprisant. «J'aimerais voir la tête de la vieille Mme Jennings si elle entendait ça ! Je vais vous conseiller une chose ; sur le chemin du retour, faites deux kilomètres de plus et passez par Hillcrest. C'est la propriété des Jennings. Et imaginez, combien une femme doit en avoir voulu à sa propre belle-fille pour ne lui avoir ni légué cette maison ni laissé un centime. » Quinze minutes plus tard, Pat regardait à travers les hautes grilles en fer forgé la ravissante demeure qui dominait des pelouses en pente recouvertes de neige. Veuve de Willard, Abigail avait eu toutes les raisons de croire qu'elle pourrait hériter de ce domaine aussi bien que de son siège au Congrès. Divorcée, en revanche, elle aurait une nouvelle fois fait figure de proscrite. Si l'on en croyait Catherine Graney, le drame dont parlait Abigail avec tant d'émotion, représentait, dans la réalité, le coup de pouce qui, vingt-cinq ans auparavant, l'avait sauvée de l'oubli. «C'est magnifique, Abby, dit Toby avec entrain. — Il devrait faire bon effet sur les photos», reconnut-elle. Ils admiraient le sapin de Noël dans le salon d'Abigail. La table de la salle à manger était déjà dressée pour le buffet. «Il y aura sûrement des photographes dans les parages demain matin, dit-elle. Vérifiez l'heure du premier service religieux à la cathédrale. Il faudrait que l'on m'y voie.» Elle avait l'intention de tout mettre en œuvre. Depuis que le Président avait dit : «J'annoncerai le nom de celle...», Abigail ne tenait plus en place. «Je suis la meilleure candidate, avait-elle répété une douzaine de fois. Claire et le Président sont originaires de la même région. Ce n'est pas favorable pour elle. Si seulement nous n'étions pas embarqués dans ce maudit reportage. — Il peut vous être utile, dit-il d'un ton apaisant, bien qu'il se sentît aussi inquiet qu'elle au fond de lui-même. — Toby, il pourrait être utile si j'étais en concurrence avec plusieurs candidats. Mais je n'imagine pas le Président bondir en voyant cette malheureuse émission et s'écrier : «C'est elle qu'il me faut.» En revanche, il pourrait bien attendre de constater s'il y a des réactions négatives avant d'annoncer sa décision.» (à suivre...)