Résumé de la 88e partie n Pat se rend chez Mme Graney. Elle est presque certaine que cette antiquaire d'une cinquantaine d'années, peut lui être utile en évoquant des souvenirs. Catherine Graney avala une gorgée de café. «Comme je vous l'ai dit, j'ai vu un grand nombre de vos reportages. Je vous sens très intègre dans votre travail, et j'ai pensé que vous n'accepteriez pas sciemment de perpétuer un mensonge. Voilà pourquoi je me suis adressée à vous, afin d'être sûre que le nom de George Graney ne serait pas mentionné dans ce reportage, et qu'Abigail Jennings ne mettrait pas la mort de Willard sur le compte d'une «erreur du pilote». Mon mari savait piloter tout ce qui avait des ailes.» Pat songea aux séquences déjà montées de l'émission. Le sénateur avait dénoncé le pilote — mais avait-elle mentionné son nom ? Pat n'aurait su l'affirmer. En revanche, elle se rappela quelques-uns des détails de l'accident. «Les conclusions de l'enquête n'ont-elles pas révélé que votre mari volait trop bas ? demanda-t-elle. L'avion volait trop bas et a percuté la montagne. Lorsque Abigail Jennings a commencé à utiliser cet accident pour se présenter devant la presse comme le champion des règles de sécurité aérienne, j'aurais dû réagir immédiatement.» Pat regarda le setter irlandais, comme s'il percevait la tension dans la voix de sa maîtresse, se redresser, s'étirer et traverser tranquillement la pièce pour venir se coucher à ses pieds. Catherine se pencha pour le caresser. «Pourquoi n'avez-vous pas parlé alors ? — Pour de nombreuses raisons. J'avais eu un bébé quelques semaines après l'accident. Et je crois que j'ai voulu épargner la mère de Willard. — La mère de Willard ? — Oui. Voyez-vous, c'est souvent George qui pilotait lorsque Willard Jennings se déplaçait en avion. Ils étaient devenus bons amis. La vieille Mme Jennings le savait et elle vint me voir après l'annonce de l'accident — moi, pas sa belle-fille — et nous sommes restées assises toutes les deux à attendre les dernières nouvelles. Elle a versé à mon compte une somme d'argent très importante pour l'éducation de mon fils. Je n'ai pas voulu lui faire de la peine en utilisant l'arme que je pouvais utiliser contre Abigail Jennings. Nous nourrissions toutes les deux les mêmes soupçons, mais pour elle, le scandale était une malédiction.» Trois horloges à balancier se mirent à sonner simultanément. Il était 1 heure. Le soleil filtrait dans la pièce. Pat remarqua que Catherine faisait tourner son alliance en or tout en parlant. Apparemment, elle ne s'était jamais remariée. «Quelle arme auriez-vous pu utiliser ? demanda-t-elle. — J'aurais pu ruiner la crédibilité d'Abigail. Willard était affreusement malheureux avec elle et dans sa carrière politique. Le jour de sa mort, il projetait d'annoncer qu'il ne chercherait pas à se faire réélire et qu'il avait accepté la présidence d'une université. Il désirait mener une existence d'universitaire. La veille au matin, Abigail et lui avaient eu une dispute de tous les diables à l'aéroport. Elle l'avait supplié de ne pas annoncer sa démission. Et il lui a dit, devant George et devant moi : «Abigail, cela ne fera pas l'ombre d'une différence pour toi. Tout est fini entre nous.» — Abigail et Willard Jennings étaient sur le point de divorcer ? (à suivre...)