Résumé de la 165e partie n Des modifications sont apportées au film de Pat suite à l'assassinat de Catherine Graney. La séquence avec les Kennedy à l'anniversaire de Willard Jennings... Abigail dit : «Nous étions tous si jeunes... Nous étions trois ou quatre couples qui nous retrouvions régulièrement, à bavarder des heures entières. Nous étions tous tellement persuadés que nous changerions le monde, que nous rendrions la vie meilleure. Maintenant, ces jeunes hommes d'Etat ont disparu. Je suis la seule qui reste au gouvernement et je pense souvent aux projets que Willard, Jack et les autres voulaient réaliser.» Et mon père était l'un des «autres», songea Pat en regardant l'écran. Il y avait plusieurs scènes sincèrement émouvantes. Maggie dans le bureau avec Abigail, la remerciant d'avoir trouvé une place à l'hospice pour sa mère ; une jeune mère qui tenait serrée contre elle sa fille de trois ans en racontant comment son ex-mari avait kidnappé l'enfant. «Personne ne voulait m'aider. Personne. Et quelqu'un a dit : "Appelez le sénateur Jennings. Elle est efficace."» «C'est exact», reconnut Pat. Mais ensuite, avec Luther dans le rôle de l'interviewer, Abigail parla du détournement des fonds électoraux. «Je suis vraiment contente qu'Eleanor Brown se soit livrée à la justice pour achever de remplir sa dette envers la société. J'espère seulement qu'elle sera aussi suffisamment honnête pour rendre ce qui reste de cet argent ou avouer avec qui elle a partagé le butin.» Quelque chose poussa Pat à se retourner. Dans la semi-obscurité de la salle de projection, on distinguait la silhouette massive de Toby dans son fauteuil, les mains repliées sous le menton, l'onyx luisant à son doigt. Il hochait la tête en signe d'approbation. Elle reporta rapidement ses yeux sur l'écran, ne voulant pas rencontrer son regard. Luther interrogeait Abigail sur ses positions à propos de la sécurité aérienne. «Willard était constamment sollicité pour prononcer des conférences dans les universités et il acceptait aussi souvent qu'il le pouvait. C'est à l'université, disait-il, que les jeunes gens commencent à acquérir un jugement mûr sur le monde et sur le gouvernement. Nous vivions avec le salaire d'un député et devions faire très attention. Je suis veuve aujourd'hui parce que mon mari louait toujours l'avion le moins cher possible... Connaissez-vous les statistiques concernant les pilotes de l'armée de l'air qui achètent un appareil de deuxième catégorie et démarrent une compagnie de charters avec de faibles capitaux ? La plupart d'entre eux ne peuvent pas continuer. Ils n'ont pas les ressources nécessaires pour entretenir correctement leurs appareils. Mon mari est mort il y a vingt-cinq ans et je me bats depuis lors pour éliminer ces petits avions des aéroports surchargés. Et j'ai toujours travaillé en étroite collaboration avec l'association des pilotes de ligne pour maintenir et renforcer des normes strictes.» Aucune mention de George Graney, mais une fois encore, l'allusion aux causes qui avaient provoqué la mort de Willard Jennings. Après toutes ces années, Abigail ne cessait de souligner la responsabilité de l'accident, pensa Pat. En se regardant sur l'écran, elle se rendit compte que le reportage était devenu exactement ce qu'elle avait voulu qu'il fût ; il dépeignait Abigail comme un être humain compatissant et dévoué à la cause publique. Cette constatation ne lui apporta aucune satisfaction. (à suivre...)