Résumé de la 4e partie n Au début du XVIe siècle, Sidi Fredj est installé sur la côte algéroise, dans une crique où il a établi sa retraite. En ce début du XVIe siècle, les côtes maghrébines, comme nous l'avons dit précédemment, n'étaient pas sûres, les Européens, notamment les Espagnols, y effectuant des raids. Le Sahel algérois n'échappait pas à la menace et plus d'une ville a été attaquée. Parfois aussi, des bateaux de pêcheurs étaient pris à partie, les embarcations étaient détruites, les cargaisons volées et les hommes enlevés, surtout s'ils étaient jeunes et vigoureux ; on les vendait alors sur quelques marchés aux esclaves de Carthagène ou de Séville. Ce jour-là, un marin espagnol du nom de Roukko s'aventure jusqu'aux côtes du Sahel algérois avec l'intention de faire quelques coups aux Barbaresques. Manquant d'eau douce, il remarque une presqu'île et, s'étant dit qu'il serait là à l'abri, il amarre son bateau. Or, c'est dans cette presqu'île que vit Sidi Fredj ; ce jour-là, après avoir médité depuis l'aube, il s'est assoupi. L'Espagnol, qui a trouvé une source et rempli un tonneau, s'apprête à rejoindre son embarcation quand il aperçoit le saint. «Que fait donc là ce Maure ?», se demande-t-il. Il s'approche doucement. Certes, l'homme n'est pas très jeune et il ne paraît pas, à cause des privations qu'il s'imposait, très vigoureux, mais on pouvait toujours espérer tirer quelque chose de lui. Il pose donc son fût et s'approche encore plus de Sidi Fredj. Il prend une corde et avant que le saint ne reprenne ses esprits, le ligote solidement. «Que fais-tu ? s'écrie Sidi Fredj, tiré de son sommeil. — Tu es mon prisonnier !» répond l'Espagnol. L'homme a parlé en arabe mais, à son accent, Sidi Fredj comprend à qui il a affaire. «Au nom de Dieu, dit-il, je te demande de me libérer ! — Je te dis que tu es mon prisonnier ! — Quel mal ai-je fait pour que tu me traites de la sorte ?» L'Espagnol a un sourire narquois. «Tu es maure et je suis chrétien, mon devoir est de prendre les Maures là où je les trouve ! — Tu ne peux t'attaquer à un homme qui ne t'a rien fait ! — Nos nations sont ennemies depuis toujours ! — Satan seul est l'ennemi de l'homme !» Mais Roukko bouscule Sidi Fredj. «Trêve de paroles ! Passe devant moi ! — Où veux-tu m'emmener ? — En Andalousie, dit l'homme. Et il ajoute, avec un sourire : «Tu n'es ni très jeune ni très vigoureux pour travailler dans les champs mais tu feras un bon domestique... J'espère bien tirer quelques pièces de toi !» Et il le tire, sans ménagement, hors de la khaloua. A suivre