El-Ouricia est située sur le flanc de côteau avec l?Oued Bousselam qui la lèche en contrebas et est bordée de bosquets et d?une clairière de trembles. El-Ouricia, petite localité située sur la RN 9, qui relie Sétif à BéjaÏa, donne l?illusion d?un lieu prospère à ceux qui sont de passage en remarquant les bâtisses cossues qui bordent la route principale, avec au rez-de-chaussée des boutiques, des épiceries et des cafés qui semblent tout le temps animés. Seulement ce n?est qu?une illusion. Dès que l?on quitte l?artère principale pour s?aventurer dans les quartiers, le spectacle qui s?offre est désolant et l?on constate avec dépit que ce n?est là qu?une ville de «façade», un trompe-l??il. Maisons cubiques, presque identiques, sans harmonie avec les inévitables garages, transformés en magasins, avec toutes sortes d?activités au rez-de-chaussée. L?ensemble du semblant de réseau routier est non bitumé, parsemé de nids-de-poule et de fondrières de 50 cm de profondeur où un véhicule tout-terrain éprouverait de la peine. Ce qui ressemble à des trottoirs est jonché de sacs en plastique devenus familiers, de bouteilles brisées. Entre les maisons construites à la hâte, les ordures ménagères s?amoncellent pêle-mêle. Le président de l?APC évoque le manque crucial de moyens : quatre employés de l?APC, un camion Sonacome vétuste et une décharge publique située à 20 km de là, à Sétif plus exactement dans le quartier de Sidi Haïder, connu sous le nom de «quartier de la ferraille». El-Ouricia, qui vivait de l?agriculture et de l?élevage, a connu dans les années 1992, 1993, 1994 et 1995 un exode massif. Les populations des localités avoisinantes, comme Aïn El-Kebira, Amoucha, Tizi N?béchar, Kherrata et Babors fuyant le terrorisme, sont venues s?y établir. Ayant beaucoup de proches émigrés en France, elles ont investi dans les fonds de commerce et les petites entreprises familiales, créant beaucoup d?emplois et contribuant à résorber une partie du chômage dont est victime la jeunesse locale. A El-Ouricia, il existe 170 ateliers de menuiserie.L?apport en devises des gens des Babors a été investi dans le créneau des transports. Ainsi, les propriétaires disposent de cars qui relient Sétif, aux villes d?Alger, Annaba, Constantine et Jijel. Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les habitants d?El-Ouricia, qui compte 10 000 âmes, souffrent du problème de transport, notamment les travailleurs, les collégiens et les étudiants contraints de se rendre à Sétif et ce, quotidiennement. Cela est dû au manque de bus et surtout à leur organisation lamentable. L?arrêt dans le chef-lieu est situé hors de la ville, comme si cela était une plaie qu?on voudrait effacer : pas d?abri-bus, la place servant de parking n?est pas bitumée et la proximité d?une forêt connue sous l?appellation «Zenadia» refuge des marginaux de tout bord. Avec le manque d?éclairage, on imagine l?angoisse et l?inquiétude des parents, dans les prochains jours, à l?approche de l?hiver. Plus loin à l?ouest, El-Haouane, un petit bourg colonial qui est l?appendice d?El-Ouricia, dont il dépend administrativement, est situé à 8 km. Autour de l?église, de la ferme coloniale, de l?école et du bureau de poste, se sont greffées, dans l?anarchie la plus totale, des habitations de brique et de béton réunissant près de 4 000 habitants. Il existe une annexe de la mairie, mais pour des formalités plus importantes, les habitants sont contraints de se rendre à El-Ouricia et comme il n?existe pas de liaison directe par bus, ils doivent transiter par Sétif. La route est dans un état de dégradation avancé. Et l?hiver, qui y est rigoureux avec les fortes chutes de neige, rend la vie trop dure...