Incrédulité n «Franchement, vous croyez à ces sottises ?», s'interroge un commerçant spécialisé dans la vente de vêtements pour enfants. Sur le seuil de la porte de son magasin situé à la rue Didouche, il dévisage les passants. «Tout est faux dans ce pays, chacun fait sa loi.» Il laisse couler son amertume, par petites doses : «Il y a des gens honnêtes et d'autres qui ne respectent que la loi de l'argent» et de lâcher : «C'est l'anarchie.» Et puis, «même s'il y a des lois, qui va les appliquer ?» Cette affirmation tombe, tel un verdict, coupant court à toute éventuelle spéculation sur les causes de cette anarchie. Les yeux au ciel maintenant, le commerçant refuse de poursuivre la discussion. Heureusement que d'autres commerçants sont plus coopératifs. Dans un magasin, à la place Audin, les prix sont affichés sur tous les articles. Avec courtoisie, Mounir tente d'expliquer les agissements des autres commerçants : «L'activité commerciale a baissé de près de 50 % depuis le démantèlement des tarifs douanier.» Le pouvoir d'achat des Algériens n'est plus le même. Donc, beaucoup de commerçants ont recours à ce genre de procédé — faux soldes — pour «capter l'intérêt des clients». «Ce ne sont que des ruses de plus», explique-t-il, «En ce qui nous concerne, nous étudions les prix, en diminuant au maximum la marge bénéficiaire, pour offrir un produit compétitif et, de surcroît, de qualité.» Les propos de Mounir sont approuvés par ses deux collègues assis dans un coin du magasin. Son collègue soulève le cas des grands commerçants qui ont des ateliers de confection. «Auparavant, nous importions des produits semi-finis, nous complétions leur confection dans nos ateliers. Aujourd'hui, ces nouveaux importateurs ramènent des produits finis des pays asiatiques ou de Turquie, tuant du coup l'activité des ateliers et nous concurrençant déloyalement.» Certains magasins spécialisés dans les vêtements pour femmes pratiquent des promotions, pour deux articles vendus, le troisième est offert. Sur les articles, les anciens prix, qui restent visibles, sont barrés et les nouveaux affichés. «Aucune erreur dans le calcul de la marge réduite contrairement à plusieurs commerces qui affichent les prix comme on dessine des graffitis », commente une vendeuse.