Situation n Les magasins d'Alger rivalisent en slogans et autres affiches, pour attirer une clientèle de plus en plus rare. Dans un grand magasin situé à la rue Ben M'hidi, des annonces sont affichées sur la vitrine : pulls en laine à 1 200 DA vendus à 1 000, sacs en cuir 1 500 cédés à 1200, ponchos 800 DA cédés à 500 et jupes en velours de 2 000 DA vendues à 1 400… Les petites affiches sont écrites au feutre, sans autre indication sur le pourcentage de réduction. Interrogé, le responsable du magasin réplique : «C'est à moi de décider du prix de vente. Je ne m'aligne pas sur l'avis des autres. J'applique les prix qui m'arrangent.» A côté, dans un magasin de vêtements pour femmes, le mot Solde est écrit sur les portes au moins une cinquantaine de fois. Le responsable ne souhaite pas s'adresser à la presse. Un peu plus loin, un autre magasin, spécialisé dans la vente de vêtements pour hommes, affiche : «Un costume vendu 12 000 DA et un second offert pour 5 000 DA» En résumé, deux costumes pour 17 000 DA. Interrogé sur cette façon de faire, le gérant explique : «C'est juste une méthode de marketing, pour attirer les clients.» Ce sympathique jeune homme se lance dans un brillant exposé sur l'importance du marketing et la nécessité «d'appliquer ces règles dans le nouveau contexte commercial», car, «auparavant, la demande était supérieure à l'offre, les commerçants travaillaient à l'aise, imposant leur prix. Ce n'est plus le cas, «la concurrence fait rage, chacun se débrouille comme il peut», conclut-il. Même son de cloche, chez les gérants d'un autre magasin. Les affiches indiquent que les prix sont de 1 000 au lieu de 1 500. «Nos soldes sont les fins de série. On ne peut pas se permettre de stocker une grande quantité», explique le gérant. A la rue Arezki-Hamani, dans un magasin de vêtements pour hommes «la promotion dure toute l'année», annonce un jeune vendeur. Tarek, gérant d'un magasin à Didouche, est catégorique : «Le monde bouge, on doit bouger avec.» Il montre un rayon de chaussures : «Je les vends à perte, pourvu qu'elles se vendent, car elles occupent inutilement de la place depuis 3 ans. Il justifie ses soldes, admis par les nouvelles mœurs commerciales, par l'usure et la mode éphémère et, de ce fait, ces objets risquent de ne plus se vendre».