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Une ville, une histoire
Fatima Tabehloult 2e partie
Publié dans Info Soir le 23 - 07 - 2006

Résumé de la 1re partie n En voulant procéder à l'expulsion du mauvais œil, Fatima est «frappée» par un djinn, qui prend possession d'elle…
Ses parents l'emmènent chez eux et commencent aussitôt à consulter les tolbas de la région et à l'emmener dans les sanctuaires. On lui fait subir les rites d'exorcisme et on la déclare guérie.
Au bout de quelques semaines, elle retourne chez elle, rayonnante et apparemment en bonne santé. Elle s'occupe de ses enfants, reprend les tâches ménagères. Tout est apparemment redevenu comme avant.
L'Aïd approche et, la veille de la fête, Fatima et ses belles-sœurs s'affairent à préparer les gâteaux et le repas du lendemain. Avant de se mettre au lit, la belle-mère prépare le henné. Chaque femme de la maison, chaque enfant devra en mettre sur la paume des mains, pour, dit-on, attirer les anges et éloigner les djinns...
Fatima s'approche de l'écuelle où se trouve le henné et s'apprête à y plonger la main quand elle pousse un grand cri : «Non !»
Sa belle-mère la regarde, surprise : «Qu'est-ce qui t'arrive ?»
Fatima prend une grosse voix d'homme : «Je ne veux pas qu'elle mette du henné !»
La vieille laisse tomber son écuelle.
Fatima tombe en transes.
«C'est le djinn ! C'est le djinn qui revient !»
Il faut appeler les hommes pour maîtriser la jeune femme qui veut s'enfuir. Et la belle-mère laisse tomber son verdict : «Elle n'a jamais été guérie ! Elle ne guérira jamais.»
Ce n'est pas l'avis de sa famille, qui pense qu'on peut la soigner.
Nouvelles tournées dans les mausolées, nouvelles visites chez les tolbas. Sacrifices, rites... Comme la première fois, on la déclare guérie, mais quelques jours après, elle rechute de nouveau...
«C'est incurable !», déclare sa belle-mère.
Mais elle ne dit rien quand la jeune femme revient auprès de son mari et de ses enfants. Elle s'efforce de reprendre la vie d'avant, mais une sorte de suspicion pèse sur elle. Tout le monde redoute qu'elle rechute et on a peur d'elle. Un jour, alors qu'elle allaite son dernier enfant, elle pousse un cri et jette l'enfant : «Je ne veux plus de lui !» Le bébé tombe dans le kanoun, le foyer creusé à même le sol, et comme il était allumé, il brûle.
La belle-mère se précipite, mais c'est un cadavre qu'elle ramasse.
«Elle a tué son fils !»
Personne ne pense à emmener Fatima à l'hôpital : on la ramène chez ses parents et on l'y abandonne. A suivre


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