Le prince marcha avec son menin à travers la campagne. Ils allèrent par monts et par vaux et, soudain, ils aperçurent un puits. Le prince dit au menin : ? Va puiser de l'eau ! ? Pas question ! lui répondit le serviteur. Ils allèrent plus loin, encore plus loin. De nouveau, un puits. ? Apporte-moi de l'eau ! J'ai soif ! demanda une deuxième fois le jeune prince. ? Non ! répéta le menin. Et ils repartirent. Ils marchèrent longtemps et arrivèrent à un troisième puits. Le menin refusa encore son service. Le prince alla donc lui-même chercher de l'eau. Quand il fut au fond du puits, le menin en referma le couvercle et lui dit : ? Ne compte pas que je te fasse sortir d'ici ! A moins que nous n'inversions nos rôles. Tu deviens le serviteur et moi le prince. Il n'y avait pas d'autre solution. Le prince donna son accord et lui signa son consentement de son propre sang. Ils échangèrent leurs vêtements et ils se remirent en route. En poursuivant leur périple, ils pénétrèrent dans un autre royaume. Ils se rendirent au château du roi. Le menin entra bien sûr le premier, suivi par le prince. Le menin fut invité à rester boire et manger à la table du roi. Au sujet du prince, il fit une proposition au souverain : ? Majesté ! Prenez donc mon serviteur. Mettez-le donc aux cuisines ! On mit le prince aux cuisines. On lui faisait porter le bois et nettoyer les casseroles. Un peu de temps passa. Le prince apprit à faire la cuisine et surpassa très vite les cuisiniers royaux dans la qualité de ses repas. Le seigneur s'en rendit compte, le prit en faveur et lui offrit de l'or. C'était insupportable pour les cuisiniers royaux et ils cherchèrent une occasion pour s'en débarrasser. Un jour, le prince avait préparé un gâteau et l'avait mis au four. Les cuisiniers allèrent chercher du poison et en saupoudrèrent le gâteau. Le roi se mit a table et on lui apporta le gâteau. Le roi avait à peine pris son couteau que le chef-cuisinier accourut et lui dit : ? Majesté ! De grâce, ne mangez pas. Il accusa le prince de vouloir l'empoisonner et raconta tout un flot de calomnies à son sujet. Le roi n'épargna pas son chien favori. Il coupa un morceau du gâteau et le lança à terre. Le chien y enfonça ses crocs et rendit l'âme dans l'instant. Le seigneur fit alors appeler le prince et s'adressa à lui d'une voix terrifiante : ? Comment as-tu osé mettre du poison dans le gâteau ! J'ordonne sur-le-champ que tu sois exécuté et dans un supplice atroce. ? Mais, je n'y suis pour rien, Majesté, je n'y suis pour rien, répondit le prince. Je sais que les cuisiniers sont irrités par votre bienveillance à mon égard. Ils ont fait exprès de me mettre en cause. Le roi, sentant de la sincérité dans sa voix, le gracia.Et il lui ordonna de servirdorénavant comme palefrenier. Désormais, c'était au fils du roi d'amener les chevaux à l'abreuvoir. Un jour, il y retrouva le nain de la forêt, celui-là même qu'il avait un jour libéré. (à suivre...)