Agression Depuis le début du printemps, un homme était en chasse, un homme violent. Plusieurs filles avaient été emmenées par cet homme dans une Jeep noire et ne lui avaient échappé que de justesse. Un soir, Wilhelmenia Drane attendait son bus le long de la Michigan Avenue. Il faisait froid et elle accepta qu'un jeune homme roux la ramène chez elle dans sa Jeep noire. Elle remarqua qu'il portait une sorte de bleu de travail et un tigre tatoué sur le bras. Elle tenta de discuter avec lui, mais il ne répondit pas. Au lieu de tourner à gauche, comme elle le lui avait indiqué, l'homme s'arrêta dans une petite rue. Il lui expliqua qu'il voulait chercher quelque chose dans son manteau... et se jeta sur elle. Il tenta de l'étrangler, mais la jeune femme portait une écharpe, et elle lui resta entre les mains. Wilhelmenia Drane le frappa au visage et l'homme perdit ses lunettes. Enragé, il la frappa et se mit à l'étrangler. Elle parvint malgré tout à saisir une petite bouteille de gaz lacrymogène dans la poche de son manteau. Elle en aspergea le visage de l'homme qui la lâcha immédiatement. Elle se jeta hors de la voiture et se mit à courir. Durant les semaines suivantes, il revint sur la Michigan Avenue, eut des rapports sexuels avec des prostituées et en agressa d'autres dans sa Jeep. Les filles étaient effrayées mais cela n'empêcha pas Kelly Hood de continuer à se vendre sur les rues de Détroit. Kelly Hood était née à Muskegon, une ville du nord du Michigan, qui, malgré sa petite taille, avait les mêmes problèmes que les grands centres urbains. Derrière une façade attirante, Muskegon a en commun avec bien des villes pauvres du Michigan de ne survivre que grâce à la générosité des touristes. Kelly n'était pas venue à Detroit pour devenir une droguée et une prostituée. Elle avait déménagé dans la «grande ville» après avoir rencontré son futur mari qui travaillait comme ouvrier chez Chrysler. Ils s'étaient installés dans une belle petite maison et avaient eu trois enfants, qui avaient à présent 7, 8 et 9 ans. Mais, cinq ans auparavant, quelque chose avait changé en elle et, avec une amie, elle avait commencé à se droguer au crack, à la cocaïne et à l'héroïne. Avec Linda, son amie, elles étaient rapidement devenues «accros» et, un an auparavant, elle avait quitté son mari et ses enfants pour vivre dans la rue, comme «buffer» (tampon), une femme qui s'engage dans la prostitution pour payer sa drogue. La nuit était froide mais elle n'en avait que faire. Elle attendait le client sous un réverbère, emmitouflée dans son manteau en simili peau de lapin mais portant une mini-jupe. Une Jeep noire s'approcha d'elle et la vitre se baissa. L'homme à l'intérieur, roux et rondouillard, lui fit signe de monter. Il portait des lunettes et un bouc. Ils discutèrent un moment du prix et de la «prestation», et Kelly Hood, satisfaite, monta dans la Jeep. Il lui indiqua un endroit calme, un peu plus loin. L'homme se gara au fond de la rue et coupa le moteur. Il se jeta soudain sur elle en criant qu'il «détestait les putes». Kelly Hood n'eut pas le temps de réagir. Detroit n'est plus la ville la plus meurtrière des Etats-Unis. Les habitants sont, par contre, accoutumés au bruit des trains passant le long de leurs pavillons, chargés de voitures ou d'équipements industriels. L'un de ces trains avançait lentement sur les rails, le matin du 10 avril 2000, lorsque le conducteur aperçut quelque chose sur le bas-côté : les corps de trois femmes, dans leurs différentes phases de décomposition, gisaient non loin de là. (à suivre...)