Résumé de la 3e partie n La reine, naguère sévère, est devenue plus humaine : elle s'occupe notamment des jeunes enfants. C'est là que se situe le récit à propos du proverbe que nous avons cité au début : «Kul khenfus ând yemma-h ghzal» (tout cafard est, aux yeux de sa mère, une gazelle). La reine qui, comme nous l'avons dit, s'est mise à aduler les enfants, fait venir un jour une domestique et lui dit : «Aujourd'hui, je veux rendre un enfant heureux !» Elle enlève un collier de son cou et le remet à la domestique étonnée. «Va, promène-toi dans les rues, choisis l'enfant le plus beau, mets-lui ce collier puis amène-le ici que je le voie !» La domestique pense aussitôt à son enfant. Mais la reine a dit «le plus bel enfant» et son fils est loin d'être beau : petit, noiraud, le visage osseux, les yeux proéminents, les dents saillantes, les cheveux crépus comme la toison d'un mouton... Et de plus, le malheureux est difforme ! «Non, se dit-elle, je ne peux pas lui mettre le collier ; la reine à qui je le montrerai me ferait de vifs reproches !» Elle se promène donc dans les rues à la recherche de beaux enfants, et elle en trouve plusieurs ! De beaux petits garçons et de belles petites filles, des visages angéliques, des yeux à la couleur du ciel ou d'émeraude, des cheveux soyeux de la couleur de l'ambre ou de celle des blés, des voix chantantes comme de l'eau claire… «Petit !» Elle appelle le jeune garçon et le regarde attentivement : oui, il est vraiment beau ! Elle prend le collier que lui a donné la reine et le lui met autour du cou. Elle le regarde et sourit. «Comme il te va bien !» Aussitôt, une voix cristalline appelle l'enfant. Elle se tourne et se retrouve devant une fillette. Elle est si belle qu'elle en perd un moment la parole. Quand elle retrouve la voix, elle lui dit : «Petite, qui es-tu ? — Je suis la sœur de ce garçon à qui tu viens de mettre un collier !» Elle s'approche et touche le collier. «Comme il est beau, comme je voudrais en porter un, moi aussi !» La domestique enlève le collier au garçonnet et le met à sa sœur. Elle est resplendissante de beauté et de grâce. «Le garçon est pareil au soleil qui éclaire le jour et la fille pareille à la lune qui éclaire la nuit. Peut-on choisir entre le soleil et la lune ?» Elle reprend le collier. «Donne-moi le collier ! dit le jeune garçon. — Non, donne-le moi à moi !», dit la fillette. La domestique hésite, puis prend cette décision : «Je dois d'abord voir s'il n'y a pas plus beaux que vous ! La reine a dit : ”Tu ne mettras le collier qu'à l'enfant le plus beau !”» A suivre