Far et le diminutif fara, agherda et le diminutif tagherdayt : ce sont les noms arabes et berbères de la souris et du rat. Le premier des termes désigne surtout le rat, le diminutif la souris. Dans certaines régions, notamment l'Algérois, on emploie aussi, pour désigner le mulot, le gros rat d?égout, le mot tobba : le terme désigne aussi la taupe et provient du roman toppa, qui a fourni également au français taupe. Il est inutile de dire que rats et souris ont mauvaise presse en Algérie, comme partout ailleurs, d'ailleurs : ces rongeurs sont, en effet, de dangereux parasites qui peuvent causer de gros dégâts dans les lieux qu'ils infestent. «Far kh?la dachra», dit l'adage populaire (un rat a anéanti un village). Quand on sait que ces petites bêtes peuvent dévorer chacune l'équivalent de leur poids en nourriture, on comprend les destructions qu'elles peuvent causer quand elles sont plusieurs milliers ! Sans oublier les maladies contagieuses, comme la peste, qu'elles peuvent causer ! Dans la société algérienne traditionnelle, la destruction des souris et des rats a toujours été une préoccupation permanente. Le rat apparaît dans des proverbes pour illustrer toutes sortes de moralités. Ainsi, «far barra kherredj far eddar» (le rat étranger a fait sortir les rats de la maison), pour parIer d'un intrus. En kabyle, on attribue à la souris ces propos : «Je considère mon fils, accroché au mur, comme une perle sur un fil» ; autrement dit, on a toujours tendance à magnifier les choses et les êtres que l'on aime. Le même proverbe existe en arabe dialectal, sous une forme différente : «KuIl khenfus ând yemmah ghzal» (tout cafard, aux yeux de sa mère, est une gazelle). Il faut citer aussi les expressions utilisant le nom de la souris et du rat : kil far (comme un rat) dit-on d'une personne vilaine ou sournoise ; ki far fi fekha (pris comme un rat dans une souricière) ; tobba smina (grosse taupe, gros rat), dit-on d'une personne obèse, etc.