Constat n Le moins qu'on puisse dire est que les agences de voyages sont loin du niveau exigé par la profession. Plusieurs lacunes sont à relever. D'abord, responsables et personnels n'ont souvent pas de véritable formation. Tandis que la loi stipule que les directeurs doivent avoir effectué une formation dans le secteur du tourisme, ceux-ci se contentent souvent de louer un diplôme. Pour leur part, les préposés au comptoir ne savent ni accueillir ni traiter le client. Même si certains font des efforts surhumains pour faire bonne figure et assurer un bon accueil, il n'en demeure pas moins que le malaise apparaît dès que le préposé est assailli de questions. Pour lui, le plus important est de donner des informations sur les prix et les dates des voyages. Cela s'explique par le manque de professionnalisme, explique un responsable à l'office du tourisme. «Un voyagiste doit, en premier lieu, effectuer lui-même le circuit qu'il propose, visiter l'hôtel où sera hébergée sa clientèle, demander les horaires d'animation, s'il y en a, pour les enfants, s'informer des anomalies… Son travail doit commencer à l'aéroport et se terminer à l'aéroport.» Parmi les points négatifs relevés chez les agents de voyages, le manque de communication, parfois par simple mauvaise volonté. «Le responsable n'est pas là», répond-on dès qu'on sait qu'on a affaire à un journaliste, «source de problèmes» croit-on comprendre ; mais aussi, parfois, le responsable «est occupé à d'autres tâches». Des clients ont témoigné de gros désagréments vécus lors de voyages organisés. A titre d'exemple, un client qui avait réservé une chambre individuelle s'est retrouvé contraint de partager une chambre double avec un «étranger» ; d'autres, qui avaient opté pour des séjours complets avec circuits, se retrouvent exclus. «Souvent, on n'a aucun moyen de protester en terre étrangère.» Une agence digne de ce nom doit réserver, investir, disposer de ses propres moyens de locomotion, d'un personnel étoffé qualifié. Or, il se trouve que la plupart se contentent de sous-traiter pour d'autres agences, installées à l'étranger, négociant un pourcentage. D'autres se retrouvent à tout faire : location, billetterie, organisation de séminaires, voyages… mais sans réel ancrage. Le point sombre qui n'encourage pas réellement l'essor du tourisme est la tarification élevée de la billetterie. En trois années, Air Algérie a doublé le prix du billet vers la Tunisie, qui est passé de 15 000 à 30 000 DA ; les compagnies étrangères sont obligées de s'aligner sur ces tarifs. D'où la cherté des séjours que proposent les agences. A titre comparatif, une agence basée à Toulouse propose des séjours complets de 8 jours/7 nuits à Nabeul-Beach, un établissement trois étoiles, en pension complète, y compris le billet d'avion, à 259 euros (l'équivalent de 25 900 DA) par personne. Or, chez nous, le billet coûte à lui seul 30 000 DA. Aussi, les agences de voyages se contentent, pour la majorité, d'un amateurisme béat. Aucune fédération n'existe pour imposer des lois ou un code de déontologie comme cela existe partout dans le monde. C'est l'anarchie. Aucune sanction. Aucune classification. Auparavant, il y avait un semblant de classification en deux catégories, classification abandonnée au détriment de la qualité. L'agrément censé réglementer cette activité s'obtient avec une facilité déconcertante dès qu'on présente un semblant de diplôme.