Zoom n La chaîne franco-allemande consacre, aujourd'hui mardi, une soirée théma au conflit opposant la formation chiite du Hezbollah libanais à l'Etat hébreu. Arte fait l'analyse chronologique de la situation géopolitique complexe au Proche-Orient en s'interrogeant sur l'image et la rhétorique employées pour relater cette nouvelle guerre. Un débat avec d'éminentes personnalités — Avi Primor, ancien ambassadeur d'Israël en Allemagne ; Fouad Naïm, journaliste, P-DG de Radio Orient à Paris ; Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne à Bruxelles, Marcel Pott, journaliste allemand, expert du Proche-Orient, et Danielle Arbid, réalisatrice libanaise — s'efforcera d'apporter une lecture plus nuancée sur ce conflit régional pour ouvrir sur des perspectives possibles là où la politique de la canonnière ne fait que des morts. Le débat, qui sera animé par William Irigoyen, sera retransmis en direct entre 19h 40 et 21h 45 et sera ponctué de reportages d'information, de cartes explicatives, de films courts inédits de cinéastes libanais revenant tout juste de Beyrouth, d'une revue de presse critique et de la rediffusion du Dessous des Cartes sur le Liban et du film de Danielle Arbid Aux Frontières. Ce film nous emmène de la Syrie à l'Egypte en passant par le Liban et la Jordanie, un voyage que Danielle Arbid a effectué pendant un mois autour d'un pays qui porte deux noms : Israël et/ou Palestine. Sans jamais franchir la frontière, elle a rencontré les populations qui lui font face, aimant ou haïssant ce pays perdu pour les uns, ennemi pour les autres. Danielle Arbid contourne Israël en passant par le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Egypte. Dans chacun de ces pays, elle filme la frontière qui les sépare d'Israël ou de la Palestine, interroge les réfugiés et les populations frontalières. Elle veut «contourner cette terre rêvée, ennemie, barricadée depuis si longtemps, cerner Israël comme Israël cerne leurs vies depuis si longtemps». De rencontres en rencontres, les différents témoignages se recoupent sur l'essentiel : tous déplorent l'occupation de la Palestine par les Israéliens, accusant Ariel Sharon de préférer la guerre à la paix ; tous sont révoltés d'avoir un jour été contraints de quitter leur village palestinien pour survivre. Certains regardent maintenant avec tristesse ces villages parfois distants de quelques kilomètres seulement. A l'image d'Abou Bachar, réfugié palestinien au Sud-Liban depuis 1948. Chaque jour, il vient sur une plage pour apercevoir son village et essayer de sentir l'odeur de son pays : «Si les règlements le permettaient, dit-il, on pourrait y aller non pas chaque jour, mais y rester pour toujours.» En Jordanie, Danielle Arbid est tentée de traverser la frontière pour aller filmer la guerre de près. Elle s'y refuse finalement : «Je n'irai pas là-bas. Pas avant de voir la Palestine exister.» Certes, on ne voit pas la guerre dans ce documentaire, mais on la sent présente dans chaque image qui défile. La tension est palpable à chaque instant. Au bout de sa quête, la réalisatrice s'aperçoit finalement que «la Palestine est plus lointaine que jamais», même si elle a fait «ce qu'elle a pu pour la toucher».