Pèlerinage n A 1 000 m d'altitude sur les monts de Tamesguida, à 12 km au nord-est de Médéa, le lac suspendu de Dhaïa est un site naturel sauvage et pittoresque. S'étendant sur une superficie de deux hectares, le lac est entouré d'une forêt séculaire renfermant de nombreuses espèces végétales et essences, notamment le chêne à glands, le chêne liège, le chêne vert, l'érable champêtre, l'orme, le caroubier, le pin d'Alep, l'olivier, le genêt et le mûrier. Une diversité qui a transformé ce lieu en un véritable sanctuaire pour différentes espèces d'oiseaux et de mammifères. Ce site féerique a donné lieu à d'innombrables histoires et contes imaginaires. On prête à cet endroit toutes sortes de miracles et de pouvoirs surnaturels. La plus célèbre de ces légendes, rapportée par d'anciens chroniqueurs de l'armée coloniale, raconte que vers la fin du XIIe siècle, un saint homme, dénommé Si Mohamed Bouchakour, vint s'établir dans la région de Mouzaïa, formée alors de plusieurs tribus meurtries par d'interminables guerres fratricides. Le saint homme réussit, au bout de quelques années, à concilier les belligérants, réunis en conclave au pied des monts de l'Atlas. Pour les récompenser de leur soumission, il leur promit de fertiliser leur terre, et avec sa hache, il fendit la montagne, provoquant le débordement d'un torrent impétueux qui inonda toute la vallée de la Mitidja. La rivière qui surgit fut appelée, alors, la rivière de la Guérison (Oued Chefa), puisque ses eaux avaient la vertu de guérir instantanément les blessures reçues par les combattants des différentes tribus. De retour chez eux, les représentants des tribus sollicitent, une nouvelle fois, l'aide du saint pour fertiliser les immenses vignobles plantés dans la région. Si Mohamed Bouchakour s'installa sur le mont Tamesguida et ordonna aux différentes communautés de lui monter, chaque matin, une cruche d'eau qu'il versait sur le sommet du pic. C'est ainsi qu'est née la légende du lac suspendu de Dhaïa, dont les eaux ne tarissent jamais et restent très abondantes, même en temps de forte sécheresse. Le lac suspendu fut, pendant longtemps, un lieu de pèlerinage pour nombre d'habitants de la région à la recherche de remède miracle ou de guérison, un voyage au cours duquel les pèlerins s'adonnaient à un ancien rituel hérité de leurs aïeux qui, à l'approche de la saison des labours ou des moissons, faisaient le déplacement jusqu'au sommet de la montagne pour faire des offrandes et remplir les 500 cruches qui se trouvent à proximité du tombeau du saint homme. Le site est devenu, après l'Indépendance et jusqu'à la fin des années 1980, un coin de villégiature pour beaucoup de familles et de jeunes avides d'évasion et de tranquillité ou en quête de fraîcheur et d'air vivifiant.