Volonté n Transmettre sa passion à «un maximum d'Algériens, tel est le souhait de Ammi Ahmed. Ammi Ahmed ne s'ennuie jamais dans son magasin situé en face de la gare de l'Agha à Alger-Centre. Et pour cause : «Avec les millions de timbres que j'ai ici, je ne peux qu'être heureux et comblé, je suis comme un poisson dans l'eau», déclare-t-il d'emblée. C'est que ce septuagénaire est un grand féru de philatélie, cette passion que lui a transmise un ami il y a de cela 65 ans exactement. «C'était en 1941, j'ai vu une collection de timbres chez un ami et ce fut le coup de foudre ! Je dois dire que là où nous habitions à l'époque – à El Kantra dans la wilaya de Biskra – il n'y avait aucune infrastructure ou moyen pour s'adonner à un quelconque loisir, il n'y avait que les scorpions et les palmiers. J'ai adhéré à plusieurs clubs de philatélistes au temps du colonialisme, mais je n'ai pas appris grand-chose. Le peu que j'ai appris d'ailleurs, je l'ai «volé». Les Français ne voulaient aucunement que les indigènes, comme ils nous appelaient, se cultivent par le biais des timbres», raconte-t-il. A l'Indépendance, les choses ont complètement changé pour Ammi Ahmed, dans le bon sens bien évidemment : «J'ai pu m'investir complètement dans la philatélie après avoir rejoint les rangs de la Poste. J'ai ainsi pu organiser quelque 160 expositions, dont 3 à l'étranger, en Chine, en France et en Russie pour être précis. Une fois à la retraite, j'ai ouvert un magasin de vente de timbres postaux à Bab El-Oued avant de le transférer ici, deux ans plus tard, soit en 1994». Le magasin de Ammi Ahmed ressemble à un petit musée où sont «entassés» des millions de timbres de différents pays du monde. «C'est ma fierté», tient-il à affirmer. Pour lui, chaque famille algérienne doit avoir sa propre collection de timbres «comme cela se fait en Suisse et aux Etats-Unis d'Amérique». «Les timbres représentent la mémoire des peuples», explique-t-il. Et de poursuivre dans le même ordre d'idées : «La philatélie aide énormément les enfants à apprendre tout en s'amusant.» A 71 ans, Ammi Ahmed, pour qui «chaque jour est un jour de bonheur», n'espère qu'une chose : «Transmettre ma passion à un maximum d'Algériens», note-t-il. Il peut déjà être fier d'avoir réussi à «contaminer» son fils qui semble, d'ores et déjà, prêt à prendre la relève !