Résumé de la 4e partie L?inspecteur reprend le dossier. Sur une fiche, il lit que des recherches ont été faites pour retrouver les voyageurs du compartiment n°7 du train Glasgow-Londres. Fou, Georges ? Il en a l?air, mais il se calme aussi brutalement qu?il a éclaté : «Je m?en fiche. D?abord, c?est pas de ma faute. J?ai tué Ethel. Ethel c?était ma fiancée, hein ? Dites, monsieur, elle était jeune, elle voulait qu?on se marie, on est allé à Glasgow pour faire un petit voyage, elle avait acheté une trompette. Elle faisait l?idiote, elle soufflait dedans sans arrêt. Maman voulait que je me débarrasse de ma fiancée. Mathilde aussi.» L?inspecteur a du mal à comprendre. Maman ? Mathilde ? Ethel ? Quel rapport avec l?homme en gris et le bébé mort enroulé dans un châle rouge ? Il lui faudra des jours pour démêler cet écheveau bizarre et réaliser qu?il a découvert un crime sans le vouloir. Georges a tué Ethel, sa jeune fiancée, en rentrant de voyage. Il l?a tuée à coups de tuyau de plomb, et abandonné le corps dans l?appartement. Comme il avait donné un faux nom ? il se faisait appeler Prince, Dieu sait pourquoi ? la police ne l?a jamais identifié et le crime d?Ethel est resté impuni. Mais dans la tête de ce garçon mythomane et un peu fou, il ne restait qu?un seul souvenir de ce crime. Un idée fixe. Il revoyait Ethel jouant de la trompette à son oreille en riant, dans le train. Cette obsession avait grandi devant le stock de jouets à vendre. Grandi au point de lui faire faire des bêtises. En se débarrassant des jouets, il croyait se débarrasser de son crime. Une fois ses aveux terminés et Georges redevenu lucide, l?inspecteur a essayé d?aller plus loin : «Vous étiez dans le train ce jour-là, en même temps qu?un homme avec un bébé. Vous vous en souvenez ? ? Oui. Ethel voulait s?installer en face de lui, elle adorait les bébés. Moi pas. ? Vous n?êtes pas restés dans son compartiment ? ? Non. On s?est installés à côté, j?ai dit à Ethel que le bébé pleurerait sûrement et qu?on serait plus tranquilles. C?était en première, il n?y avait pas beaucoup de monde. ? Pourriez-vous décrire cet homme ? ? Non. ? Vous ne lui avez pas parlé ? ? Non. Je déteste les bébés, je vous dis. Je n?ai pas fait attention à lui. Ethel y est allée, elle. ? Comment ça ? ? On s?était disputés à cause de la trompette, alors elle est sortie un moment, et elle a parlé avec l?homme dans le couloir. ? Il avait l?enfant dans ses bras ? ? Non. Je suppose qu?il dormait dans le compartiment, il avait fermé les rideaux, je crois. ? Vous a-t-elle parlé de lui, de leur conversation ? ? Oui, mais je n?ai pas écouté. Elle m?agaçait, elle était toujours curieuse de tout, je crois qu?elle a dit quelque chose comme : «Ce type a l?air malheureux» ; mais je n?en suis pas sûr? ? A votre avis, elle aurait pu décrire cet homme ? ? Oh ! Oui, sûrement ! Rien ne lui échappait.» Georges a un mauvais petit sourire : «ça vous aurait intéressé, hein ? Seulement, je l?ai tuée le soir même, voilà. C?est tant pis pour vous, et moi je ne sais rien. D?ailleurs je m?en fiche de votre bébé !» Georges Muncey a été pendu pour le crime d?Ethel Fairbrass. Une jeune fille un peu écervelée de vingt ans, la seule à avoir parlé à l?homme en gris dans le train Glasgow-Londres. La seule, peut-être, qui détenait un petit morceau du châle rouge, ce voile de mystère qui enveloppait un bébé inconnu, dans les bras d?un homme inconnu, le 12 octobre 1948.