Le débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 1944, tournant de la Seconde Guerre mondiale, a failli être compromis par les indiscrétions d'un célèbre historien militaire britannique, Basil Liddell Hart. Cette révélation figure dans des dossiers jusque-là secrets. D'après des documents, le capitaine Liddell Hart avait découvert les détails du plan du débarquement, dont le nom de code était «Opération Overlord», et s'était mis à en discuter librement à Londres. L'historien avait même rédigé une critique du plan, qu'il avait fait parvenir à des hommes politiques et des responsables militaires britanniques. Le MI5 (service de renseignements britannique) apprit que Liddell Hart était au courant de l'existence d'Overlord après que l'historien eut déclaré à un haut responsable du ministère de l'Approvisionnement qu'il avait «de forts doutes» sur le plan du débarquement, lors d'un déjeuner le 10 mars 1944 et remet à son interlocuteur un exemplaire de sa critique d'Overlord. A ce moment, le plan n'était censé être connu que d'une poignée de hauts responsables alliés. Sandys rapporta la conversation à un conseiller militaire du Premier ministre Winston Churchill, le général Hastings Ismay. Aussitôt informé des actions de Liddell Hart, Churchill s'indigna et demanda que l'historien soit poursuivi. Entre-temps, il était apparu que Liddell Hart avait aussi remis sa critique à un ancien ministre de Churchill, et à trois généraux américains. Liddell Hart fut alors interrogé par le général Ismay et par un autre militaire, auxquels il affirma que seules ses propres déductions lui avaient permis de découvrir l'existence du plan et que personne ne l'en avait informé.