La présence du président algérien aujourd'hui à Toulon, même contestée par l'opposition, est un signe de rapprochement entre les deux pays. Hamlaoui Mekachera aurait sans doute aimé ne pas être en première ligne dans la gestion des festivités commémoratives du 60e anniversaire du Débarquement en Provence. Mais les règles du protocole l'y obligent. Comme pour la célébration, le 6 juin dernier, du 60e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, c'est le ministre délégué aux Anciens combattants qui accueillera aujourd'hui à Toulon les chefs d'Etat étrangers invités par le président Jacques Chirac. Et la présence annoncée du président Abdelaziz Bouteflika à Toulon le met dans l'embarras. D'origine algérienne, Hamlaoui Mekachera avait, durant la guerre d'Algérie, choisi de servir dans les rangs de l'armée française. Proche des milieux harkis, c'est en partie grâce aux pressions exercées par leur lobby sur le président Chirac qu'il a été nommé le 17 juin 2002 ministre délégué aux Anciens combattants dans le gouvernement Raffarin 2. En France, il est même considéré comme un “ministre harki”. Deux ans après sa nomination, Hamlaoui Mekachera s'apprête à gérer l'un des dossiers les plus difficiles de sa carrière de ministre. Comment, en effet, accueillir à Toulon Abdelaziz Bouteflika dont la venue est dénoncée par la majorité des associations de harkis et de rapatriés d'Algérie ainsi que par plusieurs personnalités politiques de gauche comme de droite ? D'autant que les opposants à cette visite reprochent au président algérien d'avoir tenu des propos jugés “insultants et inacceptables” à l'égard des harkis lors de sa visite d'Etat en France en juin 2000 et lui réclament des excuses publiques. Mekachera avait déclaré récemment qu'on ne peut pas confondre la guerre d'Algérie et la guerre 39-45. “Cela serait absurde”, avait-il dit. Au cours d'un entretien sur une chaîne de télévision française, Abdelaziz Bouteflika avait, en effet, qualifié les harkis de “collabos”, un terme utilisé en France pour désigner les Français qui avait collaboré avec l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Après ces déclarations, plusieurs personnalités et des historiens français ont regretté ce parallèle établi par le président algérien entre le nazisme et le colonialisme. Le 14 juillet 2000, Jacques Chirac s'est même dit choqué par les propos de son homologue algérien. Alger continue de considérer que la question des harkis est un problème “franco-français”. Quatre ans plus tard, la venue du président algérien aux cérémonies commémoratives du Débarquement de Provence a suscité la polémique en France, mettant dans l'embarras Jacques Chirac et son gouvernement. Plusieurs ministres sont même montés au créneau pour répondre aux opposants à la présence du président algérien à Toulon. Le Quai d'Orsay a signifié à plusieurs reprises que le déplacement de Abdelaziz Bouteflika en France à cette occasion historique s'inscrivait dans les efforts de rapprochement entre les deux pays. Hier encore, le ministre français de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a affirmé que l'agitation faite autour de la présence du président Bouteflika à Toulon était totalement déplacée : “Elle prouve une méconnaissance totale de l'histoire de la part de ceux qui en sont à l'origine”. L. G. Le président Bouteflika est arrivé à Toulon Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a quitté Alger hier après-midi, pour Toulon (France), où il assistera aux cérémonies de commémoration du Débarquement en Provence. Cette visite du président Bouteflika répond à une invitation de son homologue français, Jacques Chirac. Vingt-deux Chefs d'Etat sont invités à ce 60e anniversaire du Débarquement en Provence au cours duquel un hommage solennel doit être rendu à tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la liberté et la libération de la France. APS.