Aussitôt qu'il se rendort, Descartes entend comme un coup de tonnerre. Sa chambre, naguère plongée dans l'obscurité, se remplit d'étincelles. Il ne sait pas s'il dort ou s'il est éveillé. Il ouvre et ferme les yeux. Il finit par se rendormir et il fait un troisième rêve. Il se voit à sa table de travail, avec un dictionnaire ou une encyclopédie. Il veut le prendre mais c'est un autre ouvrage qu'il prend, le Corpus poetarum, un manuel de poésie sur lequel il a étudié. Il veut chercher un conseil et ouvre le livre au hasard. Il tombe sur ce vers, en latin : «Quad vitas sectabor iter ? Quel chemin suivrai-je dans la vie ? 44». Un inconnu apparaît et il évoque avec lui l'idylle XVII sur l'ambiguïté de la vie, le «oui» et le «non» de Pythagore. Brusquement, le manuel disparaît tandis que le dictionnaire ou l'encyclopédie réapparaît à l'autre bout de la table. Mais Descartes remarque qu'il lui manque des pages. Des psychanalystes ont tenté, en utilisant les concepts et les méthodes de leur disciple, d'analyser ces rêves. Ainsi, Francis Paschle, dans Rêve, symbole et interprétation (1981), a cru mettre en relief des contenus œdipiens dans le rêve de la chapelle, avec un aspect terreur dans le rêve du coup de tonnerre. Quant au troisième rêve, celui du dictionnaire, il est, selon l'analyste, secondaire. D'une façon générale, ces rêves sont des rêves d'angoisse : ils expriment la peur d'un monde chargé de menaces qu'il faut censurer. Quant à Freud, il a jugé que les rêves de Descartes sont des rêves «d'en haut» et qu'ils pouvaient être créés aussi bien pendant l'état de veille que dans le sommeil.