Résumé de la 25e partie n Le chauffeur de hammam veut être nommé sultan de Damas. Le roi Daoul'makân accède à son désir. Tout cela fit la charge de quarante chameaux, sans compter les grands ballots de soieries et d'étoffes d'or tissées par les plus habiles tisserands du pays de Scham, et les armes précieuses et les vases de cuivre et d'or repoussé et les broderies. Puis, ces préparatifs étant terminés, le sultan El-Zablakân voulut également faire un riche cadeau en argent au vizir Dandân ; mais le vizir ne voulut point l'accepter, disant : «O roi, tu es encore nouveau dans ce royaume, et tu auras besoin de faire de cet argent meilleur usage qu'en me le donnant !» Puis le convoi se mit en marche, par petites étapes ; et, au bout d'un mois, Allah leur écrivit la sécurité, et ils arrivèrent tous en bonne santé à Bagdad. Alors le roi Daoul'makân reçut la jeune Force-du-Destin avec des transports de joie et la remit aux mains de sa mère Nôzhatou et de l'époux de Nôzhatou, le grand chambellan. Et il lui fit donner les mêmes maîtres qu'à Kanmakân ; et ces deux enfants devinrent ainsi inséparables et furent pris l'un pour l'autre d'une affection qui ne fit qu'augmenter avec l'âge. Et cet état de choses dura de la sorte l'espace de huit ans, pendant lesquels le roi Daoul'makân ne perdait pas de vue les armements et les préparatifs pour la guerre contre les Roum mécréants. Mais à la suite de toutes les fatigues et peines endurcies pendant sa jeunesse perdue, le roi Daoul'makân baissait tous les jours en forces et en santé. Et son état ne faisant qu'empirer sensiblement, il fit appeler un jour le vizir Dandân et lui dit : «O mon vizir, je te fais venir pour te soumettre un projet que je désire réaliser. Réponds-moi donc en toute droiture !» Le vizir dit : «Quoi donc, ô roi du temps ?» Il dit : «J'ai résolu d'abdiquer le pouvoir, de mon vivant, et de mettre à ma place, sur le trône, mon fils Kanmakân, et de me réjouir ainsi de le voir régner avec gloire, avant ma mort ! Qu'en penses-tu ? Dis-le moi, ô mon vizir à l'âme saturée de sagesse !» A ces paroles, le vizir Dandân baisa la terre entre les mains du roi, et, la voix très émue, il lui dit : «Le projet que tu me soumets, ô roi fortuné, ô doué de prudence et d'équité, n'est point réalisable ni opportun pour deux motifs : le premier est que ton fils, le prince Kanmakân, est encore très jeune, et le second est, que c'est une chose certaine que le roi qui fait régner son fils de son vivant a, dès lors, ses jours comptés sur le livre de l'ange !» Mais le roi dit : «Pour ce qui est de ma vie, en vérité, je sens qu'elle est finie ; mais pour ce qui est de mon fils Kanmakân, puisqu'il est encore si jeune, je vais nommer comme son tuteur pour le règne le grand chambellan, époux de ma sœur Nôzhatou !» Et aussitôt le roi fit assembler ses émirs, ses vizirs et tous les grands du royaume et nomma le grand chambellan tuteur de son fils Kanmakân, et lui recommanda, comme recommandation suprême, de marier ensemble, à leur majorité, Force-du-Destin et Kanmakân. Et le grand chambellan répondit : «Je suis l'accablé de tes bienfaits, et le plongé dans l'immensité de ta bonté !» Alors le roi Daoul'makân se tourna vers son fils Kanmakân et lui dit, des larmes pleins les yeux : «O mon fils, sache qu'après ma mort le grand chambellan sera ton tuteur et ton conseil, mais le grand vizir Dandân sera ton père à ma place. Car voici que moi-même je me sens m'en aller de ce monde périssable vers la demeure éternelle.» (à suivre...)