Résumé de la 38e partie n Grâce à la sollicitude du chauffeur du hammam et de son épouse, Daoul?Makân est choyé et dorloté. Alors Daoul'makân remercia Allah pour ses bienfaits et le retour de la santé, et dit au chauffeur : «Oh combien ne te dois-je pas de remerciements pour tout ce que tu as fait pour moi !» Mais le chauffeur dit : «Laisse cela, mon fils ! Et si j'ai une chose maintenant à te demander, c'est de me dire enfin d'où tu viens et quel est ton nom. Car je ne doute plus, à voir ton visage et tes manières, que tu ne sois quelqu'un de distinction et de haut rang.» Alors Daoul'makân lui dit : «Dis-moi d'abord comment et où tu m'as trouvé, pour qu'ensuite je te raconte moi-même mon aventure.» Alors le chauffeur du hammam dit à Daoul'makân : «Pour ce qui est de moi, je t'ai trouvé abandonné sur le tas de bois devant la porte du hammam, un matin que je me rendais à mon travail. Et je n'ai point su qui t'avait ainsi jeté ; et je t'ai recueilli simplement dans ma maison. Et voilà tout.» A ces paroles, Daoul'makân s'écria : «Louange à Celui qui redonne la vie aux ossements sans vie ! Et toi, mon père, sache maintenant que tu n'as pas obligé un ingrat ; et bientôt, je l'espère, tu en auras les preuves. Mais, dis-moi, je t'en prie, en quel pays suis-je donc ?» Le chauffeur lui dit : «Tu es dans la ville sainte de Jérusalem.» Alors Daoul'makân sentit amèrement l'éloignement où il se trouvait et qu'il était séparé de sa s?ur Nôzhatou ; et il ne put s'empêcher de pleurer et il raconta son aventure au chauffeur, mais sans lui révéler la noblesse de sa naissance ; puis il récita ces strophes : «On m'a mis sur les épaules une charge qu'elles ne peuvent porter, et le poids m'en est lourd et étouffant. Je dis à l'amie, cause de ma douleur, à celle qui est toute mon âme : ?O maîtresse ! Ne saurais-tu encore un peu patienter avant l'irrémédiable séparation ?? Elle me dit : ?Que dis-tu donc là? Patienter ! La patience n'est point dans mes habitudes.?» Alors le chauffeur lui dit : «Ne pleure plus, mon enfant, et remercie au contraire Allah pour ta délivrance et ta guérison.» Et Daoul'makân lui demanda : «Quelle distance nous sépare de Damas ?» Le chauffeur dit : «Il faut, d'ici, six jours de marche.» Daoul'makân dit : «Je voudrais tant y aller !» Mais le chauffeur répondit : «O mon jeune maître, comment pourrais-je te laisser aller seul à Damas, toi, un si jeune garçon ! Je crains beaucoup pour toi ! Si donc tu persistais à désirer ce voyage, je t'accompagnerais moi-même, et je déciderais aussi mon épouse à venir avec nous. Et de la sorte nous irions tous vivre à Damas, dans le pays de Scham, dont les voyageurs vantent tellement les eaux et les fruits.» Et, se tournant vers son épouse, le chauffeur lui dit : «O fille de mon oncle, veux-tu nous accompagner dans cette délicieuse ville de Damas, dans le pays de Scham, ou bien préfères-tu rester ici et attendre mon retour ? Car il me faut absolument accompagner notre hôte là-bas, vu que, par Allah ! il m'est fort pénible de m'en séparer ici et de le laisser, lui si jeune, aller tout seul à travers les routes inconnues dans une ville dont les habitants sont, dit-on, fort enclins à la corruption et aux excès.» Alors l'épouse du chauffeur s'écria : «Mais certainement, je vous accompagnerai.» Et le chauffeur fut ravi et dit : «Louange à Allah qui nous met ainsi d'accord, ô fille de mon oncle !» (à suivre...)