Résumé de la 24e partie n L'histoire de Sett-Donia et du prince Diadème est terminée. Le roi Daoul'makân fait appeler son vieil ami, le chauffeur de hammam. Alors le vieux chauffeur dit : «Je voudrais bien te demander quelque chose que je souhaite depuis longtemps, mais j'aurais si peur de paraître indiscret !» Et le roi fut très affligé et dit : «Il faut absolument que tu m'en parles !» Le chauffeur dit : «Tes ordres sont sur ma tête ! Voici : je souhaite, ô roi, avoir, de ta main, un brevet par lequel je sois nommé président général des chauffeurs de tous les hammams de la Ville-Sainte, ma ville !» A ces paroles le roi et tous les assistants rirent extrêmement ; et le chauffeur crut que sa demande était exorbitante, et il en fut à la limite de la désolation. Mais le roi lui dit : «Par Allah ! demande-moi autre chose !» Et le vizir Dandân, également, s'approcha doucement du chauffeur et lui pinça la jambe et lui cligna de l'œil pour lui dire : «Demande donc autre chose !» Et le chauffeur dit : «Alors, ô roi du temps, je souhaiterais fort être nommé cheikh principal de toute la corporation des balayeurs d'ordures dans la Ville-Sainte, ma ville !» A ces paroles le roi et les assistants furent pris d'un autre fou rire. Puis le roi dit au chauffeur : «Voyons, mon frère, il te faut absolument me demander quelque chose qui soit digne de toi et qui en vaille vraiment la peine !» Le chauffeur dit : «J'ai peur que tu ne puisses me l'accorder !» Le roi dit : «Rien n'est impossible à Allah !» Et le chauffeur dit : «Nomme-moi alors sultan de Damas à la place du défunt prince Scharkân !» Et le roi Daoul'makân répondit : «Sur mes yeux !» Et à l'heure même il fit écrire la nomination du chauffeur comme sultan de Damas et lui donna, en tant que nouveau roi, le nom de Zablakân El-Moujahed. Puis il chargea le vizir Dandân d'accompagner le nouveau roi, avec un cortège magnifique, jusqu'à Damas, puis de revenir en ramenant de là-bas la fille du défunt prince Scharkan, Force-du-Destin. Et, avant le départ, il fait ses adieux au chauffeur et l'embrassa et lui recommanda d'être bon et juste envers ses nouveaux sujets ; puis il dit à tous les assistants : «Que tous ceux qui ont pour moi de l'affection et des égards, témoignent leur joie au sultan El-Zablakân par des cadeaux !» Et aussitôt les présents affluèrent autour du nouveau roi que Daoul'makân revêtit lui-même de la robe royale ; et quand tous les préparatifs furent faits, le roi Daoul'makân lui donna, pour sa garde particulière, cinq mille jeunes mamalik et des porteurs chargés d'un palanquin royal rouge et or. Et c'est ainsi que le chauffeur du hammam, devenu le sultan El-Moujahed El-Zablakân, suivi de toute sa garde, du vizir Dandân, des émirs Rustem, Turkash et Bahramân, sortit de Bagdad et arriva à Damas, son royaume. Or, le premier soin du nouveau roi fut de commander aussitôt un cortège splendide pour accompagner à Bagdad la jeune princesse de huit ans, Force-du-Destin, fille du défunt prince Scharkân ; et il mit à son service dix jeunes filles et dix jeunes nègres, et lui remit beaucoup de cadeaux et notamment de la pure essence de roses et des confitures d'abricot dans de grandes boîtes bien scellées contre l'humidité, sans oublier non plus les entrelacs délicieux, mais si fragiles qu'ils ne pourraient probablement arriver intacts jusqu'à Bagdad ; et il lui donna aussi vingt grands pots remplis de dattes cristallisées, liées par un sirop parfumé aux clous de girofle et vingt caisses de pâtisseries en feuilleté et vingt caisses de douceurs variées, commandées spécialement chez les meilleurs marchands de douceurs de Damas. (à suivre...)