Le phénomène du blanchiment d'argent reste totalement à cerner en Algérie. Aucun chiffre ou estimation sur ses proportions n'est encore disponible. Pour faire le tour de la question, un séminaire aura lieu aujourd'hui et demain. «Il est encore trop tôt pour répondre à la question de savoir si le blanchiment d'argent est très répandu ou non dans notre pays.» Ce sont là les propos tenus, ce matin, par Abdelkrim Djadi, membre de la cellule de traitement du renseignement financier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. De l'avis de ce magistrat, «il faut beaucoup de données, un questionnaire très riche et très varié pour répondre à cette interrogation». Néanmoins, «ce phénomène n'est pas trop frappant», a-t-il enchaîné. Dans le même ordre d'idées, l'invité de la Chaîne III a indiqué qu'il est très difficile de donner une estimation sur le volume de l'argent blanchi dans notre pays en l'absence de «chiffres exacts» sur les crimes économiques. A la question de savoir si l'argent du racket issu du terrorisme est une forme de blanchiment d'argent, M. Djadi répondra en soulignant que la loi est très claire là-dessus : est considéré comme blanchiment d'argent tout transfert ou conversion d'argent provenant d'un crime. Il précisera, toutefois, que ce ne sont pas toutes les sommes d'argent provenant de crimes qui sont blanchies. Interrogé sur l'affaire Khalifa, ce membre de la cellule de traitement du renseignement financier se refusera au moindre commentaire, se contentant de noter qu'elle est «pendante devant la justice». Toujours au sujet des banques et des établissements financiers, M. Djadi fera remarquer qu'ils sont tenus par l'obligation de déclaration de soupçon. Autrement dit, ils doivent automatiquement signaler à la cellule de traitement du renseignement financier toute opération financière qu'ils jugent «anormale» et pouvant, de ce fait, être une forme de blanchiment d'argent. Selon l'invité de la Chaîne III, il existe «des dispositifs internes dans toutes les institutions financières soumises à l'obligation de déclaration de soupçon pour détecter ce genre d'opération et tirer la sonnette d'alarme» surtout que l'argent «sale» peut, à tout moment, passer par le circuit bancaire, précisant que les services des douanes, des impôts, les compagnies d'assurance et «même les personnes physiques et morales» sont soumises à cette obligation de déclaration de soupçon. Pour ce qui est des techniques de blanchiment d'argent les plus utilisées, M. Djadi notera qu'il y en a trois principalement : l'activité qui vise à dissimuler la propriété, la forme de l'argent qui doit être modifiée et l'élimination de la relation entre le délit à l'origine du fonds et le fonds objet du blanchiment. Il y a lieu de signaler, enfin, qu'un séminaire portant sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme s'ouvrira, aujourd'hui, à la Résidence des magistrats, à El-Biar, à Alger.