n Lassé de passer pour laxiste, aussi bien envers les bars, jugés licencieux, qu'envers les islamistes qui se déchaînent contre ces commerces, le gouvernement indonésien promet d'être ferme pendant le ramadan. Cette période de l'année est importante dans le plus grand pays musulman du monde, ou environ 90% des 220 millions d'habitants se réclament de l'islam et le pratiquent, dans leur immense majorité, de façon modérée. Ce qui est parfois toléré en dehors du ramadan ne l'est plus lors du mois sacré et des groupes de radicaux organisés en milice s'érigent en gardiens de la morale. Joko — il s'agit d'un nom d'emprunt pour sa propre sécurité — n'est pas près d'oublier ce qui est arrivé, il y a deux ans, à son bar, situé dans la capitale Jakarta. Le gérant a vu débouler sans crier gare une trentaine d'extrémistes encagoulés, armés de longs bâtons. «Ils ont fait beaucoup de bruit, ils criaient ‘'Dieu est grand'', en tapant sur les tables et en faisant exploser les bouteilles», se souvient-il. Une fois tout le mobilier renversé, les radicaux du Front des défenseurs de l'islam (FPI) sont repartis, laissant la clientèle choquée. Les habitués ont d'ailleurs évité le bar de Joko durant tout le ramadan. Le FPI est un groupuscule islamique radical connu pour mener de tels raids contre certains bars servant de l'alcool. Il s'est récemment attaqué à la version indonésienne du magazine de charme Playboy, qui a été forcé de quitter la capitale indonésienne pour Bali. Ces mêmes radicaux ont manifesté lundi à Jakarta après des propos controversés du pape sur l'islam et le jihad. Ils ont brandi des pancartes affichant en lettres noires des slogans tels que «Crucifiez le pape», «Vatican, axe de Satan» ou encore «Le Prophète est sublime, le pape est petit et vil». Pour cette édition de ramadan, les autorités veulent prévenir les frictions avec les musulmans traditionalistes.