Version n Selon la tradition, c'est à la suite d'une crue qu'on a eu l'idée de construire des barrages sur l'oued. Le Sahara est réputé pour être un lieu où il ne pleut pas et où, par conséquent l'eau est extrêmement rare. S'il est vrai que l'eau est rare, il n'en demeure pas moins qu'il pleut et que les quantités d'eau peuvent être importantes au point de mettre en crue les lits d'oueds, généralement à sec. Les flots impétueux sont si puissants qu'ils peuvent emporter sur leur passage les maisons, les gens et les bêtes. Et chaque oued du grand Sahara est capable de connaître ces crues dévastatrices qui, par ailleurs, présentent l'avantage d'alimenter les puits et la nappe phréatique. «Tout ce qui vient de Dieu est bon !», disent les Sahariens, même les crues peuvent apporter du bien. L'oued M'zab, qui parcourt la vallée du même nom, connaît lui aussi des crues. La vallée occupe un vaste territoire, composé d'un plateau calcaire que les vents de sable et surtout les eaux ont déchiqueté et raviné profondément, avec des gour, entablements résiduels qui donnent cet aspect si caractéristique à la région... La région était, dans les temps anciens, plus humide et l'oued charriait une eau abondante mais aujourd'hui, comme partout ailleurs au Sahara, c'est la sécheresse qui domine. Les hommes ont pu, néanmoins, mettre au point des techniques ingénieuses qui permettent, même en temps de grande pénurie, de tirer du sol le précieux liquide. Des centaines de puits sont ainsi disséminés dans la chebka (filet) du M'zab. Si autrefois on utilisait la force animale et des systèmes de poulies et de cordes pour puiser, aujourd'hui on actionne les pompes. Et pour que tout le monde puisse recevoir sa part d'eau en toute équité, on mesure méticuleusement le temps de son débit. C'est le sens de l'économie mais aussi de l'équité bien connu du Mozabite qui a su ainsi bâtir des cités prospères au milieu du désert ! Mais revenons à l'oued M'zab. Selon la tradition orale, perpétuée de génération en génération, avant que ne soit construite Ghardaïa, le lit de l'oued passait à l'endroit où s'érige la ville actuellement. Le fleuve, dit-on, passait par le centre-ville, la place du marché, et après avoir parcouru plusieurs quartiers, en sortait pour poursuivre sa route, en direction de l'autre métropole mozabite, Beni Isguen... Il suffisait, dit-on, qu'il pleuve pour que l'eau coule à torrents et que les petites vallées s'y déversent. Mais avec la plantation des palmeraies, l'eau a été progressivement déviée et elle est nettement moins abondantes dans les petites vallées... Selon la tradition toujours, c'est à la suite d'une crue qu'on a eu l'idée de construire des barrages sur le parcours de l'oued. Un homme, dit-on, a planté des palmiers à quelques mètres de l'oued, se disant que l'eau, tout en étant proche pour les arroser, ne les emporterait pas. Mais une crue survient et emporte les plants. L'homme, furieux, s'écrie : «Je ne me laisserai pas faire !» Il a replanté plus haut, en remontant la vallée et, cette fois, il a pris soin de protéger les jeunes pousses en dressant une palissade de palmes, de façon à former une sorte de mur qui arrête l'eau. Plus tard, quand le vent s'est mis à souffler, les palmes ont arrêté le sable, formant une sorte de monticule. La crue se produit de nouveau mais cette fois, l'eau est arrêté par l'obstacle et ne peut couler que par un passage, sur lecôté du monticule. Les plants sont ainsi sauvés et peuvent grandir en toute sécurité. Cependant, ces barrages ne résistent pas aux grandes crues qui charrient des eaux si puissantes qu'elle emportent tout sur leur passage... (à suivre...)