Résumé de la 1re partie n L'oued M'zab, qui parcourt la vallée du même nom, connaît des crues. C'est pourquoi des barrages ont été érigés sur son parcours. Les crues de l'oued M'zab sont attentivement surveillées car on craint que si l'eau est trop forte, elle déborde des canaux qui la conduisent vers les palmeraies et ne provoque des inondations. Des lawemna ou experts sont chargés de la surveillance. Dès que des fortes pluies s'annoncent, ils se rendent Imlagaten, au confluent des oueds M'zab et Ladira : c'est l'endroit où le torrent est le plus impétueux. Une pierre noire, fixée au bord du canal de Bouchemdjane qui alimente les puits, sert de jauge aux experts : si l'eau ne parvient pas à son niveau, c'est qu'il n'y a pas lieu de craindre une crue dévastatrice, l'eau se contentant de couler jusqu'aux gens, si par contre, elle la dépasse, c'est l'annonce de la grande crue. Les lawemna se mettent aussitôt à tirer des coups de fusils pour alerter les gens et les inciter à se mettre à l'abri et, avec eux, leurs bêtes. La vallée se remplit alors des cris des gens, épouvantés : «Fuyez, la crue arrive !» On libère les animaux attachés de peur qu'ils ne se noient, on se met soit même à l'abri, en s'écartant du passage de l'eau. «Attention, le torrent arrive !» On fuit, on a peur, mais on est également heureux de recevoir l'eau surtout si la crue est précédée d'une longue période de sécheresse. L'eau remplit les puits à sec, elle s'écoule généreusement dans les canaux qui arrosent les jardins, elle arrive jusqu'aux murs qu'elle éclabousse. «El-Hamdou Lillah ! (grâces soient rendues à Dieu !)» L'oued coule, serpentant dans le sol brûlé par le soleil, mouillant d'une belle couleur brunâtre la terre sèche. L'eau remplit surtout les barrages disposés tout au long du parcours de l'oued... Chaque barrage a sa légende, parfois oubliée, parce que les vieilles personnes qui conservent la mémoire de la communauté ont disparu ; mais d'autres,ont conservé leur histoire. C'est le cas du barrage dit de la Fillette dont on se rappelle, peut-être parce que la fille passe pour une sainte et qu'elle possède, sur les lieux même où se serait déroulée la légende, un édicule, petit édifice qui perpétue son souvenir... On ignore son nom puisqu'on ne la connaît que sous ce nom de Fillette, on ajoute parfois le nom du lieu, en disant la Fillette de Balouh. Le barrage de la Fillette est également connu sous le nom de barrage du Juif. Selon la légende, un jour de grande sécheresse, un juif de la ville est descendu dans le barrage où il y avait un peu d'eau. Il a enlevé ses vêtements et a commencé à faire trempette quand la crue, sans avertir, est arrivée. L'eau a rempli le barrage en un clin d'œil. Quand l'homme a compris ce qui se passait, il a voulu sortir du barrage, mais c'était trop tard pour lui. Les flots l'ont submergé et il est mort noyé... C'est depuis ce jour qu'on s'est mis à appeler l'endroit barrage du Juif, mais les gens du M'zab préfèrent à cette appellation celle de barrage de la Fillette... (à suivre...)