Parmi les grandes cités de l'Egypte pharaonique, c'est Tanis qui semble le plus en rapport avec la vie de Moïse. Tanis est le nom grec de cette ancienne ville royale de la Basse-Egypte, résidence des vingt-et-unième et trente-troisième dynastie pharaonique. Son nom égyptien est Tan, devenu en hébreu Zoan et Sân en arabe. Il en est question dans l'Ancien Testament, selon lequel elle aurait été construite sept ans avant la plus vieille cité de Judée, Hebron. Isaïe lui accorde la même importance que Memphis. Ezéchiel annonce l'invasion de l'Egypte par les armées de Nabuchodonosor et l'incendie de Tanis. Pendant cinq siècles elle servit de capitale aux Hyksos et c'est durant le règne de ces nomades que se place l'arrivée de Joseph en Egypte (milieu du XVIIIe s. av. J.-C.) qui doit à l'un de leurs souverains, Apapi II, son élévation au rang de premier ministre et l'autorisation de faire venir les siens en terre de Gessen. Elle eut encore plus d'éclat, sous les souverains de la XIXe dynastie (vers 1400), dans le cadre général de l'essor que l'Egypte connut sous des pharaons prestigieux comme Seti 1er, Ramsès II — le persécuteur des juifs — et Meneptah, son successeur. C'est sans doute à celui-ci que se rapporte le récit de l'Exode (Shemot). Un papyrus de la même époque révèle les beautés de cette cité et la douceur d'y vivre ; témoignage confirmé par le voyageur grec Strabon (24 ap. J-C.). Il y avait, comme en beaucoup de villes et villages égyptiens, une forte implantation juive. Une inscription sous un personnage hirsute du grand temple de Karnak découverte par Champollion Jeune a été ainsi transcrite par ce savant : «Yahuta melek» (roi des Juifs). Il s'agirait sans doute du roi Roboam, devant son vainqueur le pharaon Shashank ou Sesac, premier monarque de la XXIIe dynastie. Une autre inscription découverte dans le même temple, par William Groff, donne une longue liste de prisonniers parmi lesquels on peut noter deux Juifs, Jacob El et Joseph El, pris évidemment au cours d'une bataille. Ces faits auxquels s'ajoutent d'autres témoignages prouvent que les relations entre les Juifs et les Egyptiens étaient chroniquement mauvaises et leur inimitié profonde. Si l'Egypte doit une impulsion non négligeable de ses activités artisanales et commerciales à la présence des Juifs, sa paix intérieure et extérieure était par contre menacée par eux. (à suivre...)