Sa démarche dans le réformisme Pour son appel à la réforme de la situation de la société, Ibn Badis adopta la méthode de la persuasion et combattit les confréries et le soufisme qui avaient engendré des us et coutumes contraires aux vrais préceptes de l'Islam. Il rejeta également les querelles marginales entre les chouyoukhs des différentes zaouias, appelant à une compréhension juste de l'Islam, loin de toute mystification ou charlatanisme, refusant le mimétisme aveugle ainsi que tout lien avec l'administration coloniale, résumant son projet réformiste comme suit : «L'islam est notre religion, l'arabe notre langue et l'Algérie notre patrie.» Il s'opposa aux assimilationnistes et les combattit à travers ses idées, ses écrits et ses conférences. Il exprima ses idées dans les journaux ech-chihab (le météore), al mountaqid (le censeur) et al baçaïr (la clairvoyance). Ibn Badis s'intéressa également à la diffusion de la culture islamique à travers la construction d'écoles et de mosquées, l'élargissement de l'activité de la propagande islamique, culturelle et médiatique. C'est ainsi qu'il œuvra avec ses compagnons cheikh El-Bachir al-Ibrahimi, Larbi Tébessi et Tayeb El-Oqbi à la création de l'Association des Ulémas musulmans algériens, le 5 mai 1931 dont il fut élu président jusqu'à sa mort le 16 avril 1940, à l'âge de cinquante et un ans. Il fit partie de la délégation du Congrès musulman qui se rendit, en 1936, à Paris pour présenter les revendications du congrès au gouvernement français. A son retour, il prononça un discours remarquable lors du rassemblement organisé par le Congrès, le 2 août 1936, pour présenter les résultats de sa démarche. Ses talents d'orateur firent du discours d'Ibn Badis l'expression des revendications du peuple algérien.