Animation n Billard, baby-foot et… joints. La folle ambiance s'étend jusqu'à une heure tardive de la nuit. Des jeunes qui ont forcément les mêmes goûts s'entassent dans une salle de jeu exiguë, à Kouba, non loin du vieux stade Benhadad, pour s'adonner à une variété de jeux dans un tumulte indescriptible. Le billard et le baby-foot viennent évidemment en pole position, loin des jeux électroniques dépassés par le temps et surtout par la révolution Internet. Petits et grands adeptes de ces jeux affluent dans la salle, comme si tout le monde s'était mis d'accord pour se rencontrer juste après le f'tour. Le «veilleur de nuit», un sexagénaire, la tête laminée par la calvitie et le dos trop frêle pour contenir le poids des ans, est visiblement dépassé par les événements. Retraité, il espère peut-être retrouver une deuxième jeunesse auprès de ses petits-fils. Un petit gourdin à la main, il n'arrive que très rarement à faire respecter la loi, tant les jeunes se disputent âprement quelques mètres carrés d'un endroit renfermé où l'odeur de la chique et la cigarette tuent outrageusement les senteurs suaves du ramadan. Mais ce que ce vieil homme redoute le plus, c'est le risque de voir des garçons effrontés sortir de la salle sans payer leurs parties de billard ou de baby-foot. Sa besogne devient de plus en plus difficile à mesure que la fièvre du jeu monte. Dans l'ambiance du jeu, si rien de bon techniquement n'est signalé dans une si ennuyeuse partie de billard où les deux joueurs brillent par leurs coups à l'emporte-pièce, côté baby-foot, en revanche, l'ambiance est électrique. Des «ouah !» victorieux fusent dans la salle à chacune des prouesses. Mais gare tout de même à vos portables. Ici, les adeptes des larcins sortent leurs griffes. Ils attaquent les proies les plus faciles : les personnes distraites qui sont totalement concentrées sur leur jeu. Et lorsque des petits en arrivent quelquefois aux mains, c'est qu'il y a eu une tentative infructueuse de «vol de confiance» que la victime ne veut pas laisser passer sans réaction. Mais ce qui frappe le plus dans cette ambiance, c'est la puanteur qui se dégage des mégots de cigarettes, avec en prime l'odeur de cannabis qui sort des joints calcinés par des jeunes qui commencent déjà à collectionner les rides sur les joues.