Si, sur sa naissance et sa vie privée, la Thora est assez laconique, voire diffuse, elle est, en revanche, fort prolixe sur ses miracles. On peut même dire que tout le Pentateuque est centré sur ses prodiges et ses lois. La version coranique concernant Moïse, sans être en opposition avec celle de l'Ancien Testament, en diffère cependant sur un point capital. Alors que la Thora fait de Moïse l'homme d'un peuple, l'homme d'Israël avec l'histoire duquel son apostolat se confond, l'islam le restitue à l'humanité entière. En effet, le Coran et la Tradition font de lui non seulement le missionnaire d'un peuple, mais le messager d'une époque, chargé comme d'autres envoyés de Dieu d'éclairer l'humanité et de la ramener à Dieu. Pour les juifs et les chrétiens, Moïse est un protecteur d'Israël, le vengeur de celui-ci et le médiateur entre le peuple juif et Dieu. C'est au fond, à leur point de vue, un missionnaire envoyé au seul peuple qui par une faveur exceptionnelle fût digne d'être guidé. Il est l'homme de «l'alliance». Pour l'islam, Moïse est un guide ulcéré par le comportement des juifs mais aussi un législateur. Il a reçu une Ecriture. Le Décalogue est un message de paix et d'amour universel, qui concerne toute l'humanité, y compris pour le peuple juif. La législation qu'il a instaurée abroge les anciennes superstitions et coutumes juives et les anciennes législations orientales. L'islam lui restitue sa mission de prophète, nanti du privilège de parler avec et d'entendre Dieu. Le Coran l'inclut dans la famille spirituelle de Noé, d'Abraham, de Jésus, de Mohammed et celui-ci, en parlant de lui disait «mon frère Moïse». Sa mission était universelle : proclamer l'unicité de Dieu et mettre en garde les hommes, à commencer par Israël, contre le châtiment de Dieu, alors que dans la Bible, cette mission était seulement d'obtenir du pharaon l'autorisation pour les juifs de quitter l'Egypte. Le Coran (où Moïse est cité trente-six fois) affirme qu'il devait aussi prêcher le pharaon, s'efforcer de le ramener à la doctrine unitaire de Dieu et donc être, auprès de lui, un témoin monothéiste d'une part, et d'autre part, faire sortir les juifs de l'Egypte, en conflit avec le pouvoir central et sans doute avec le peuple égyptien. (à suivre...)