Malgré la mondialisation, les frontières inter-étatiques n'ont jamais été aussi nombreuses (264 au total, soit 230 000 km) sur la surface du globe, montre une exposition qui se tient à Lyon (France) jusqu'en février 2007. «On n'a jamais autant parlé du sans-frontière alors qu'il n'y en a jamais eu autant», résume un participant. L'exposition débute par la chute d'une des plus célèbres frontières du XXe siècle, celle du Mur de Berlin, en 1989. Un événement trompeur, selon les responsables de l'exposition. Ainsi, avec la chute de l'empire soviétique, «plus de 14 000 km de frontières internationales nouvelles ont été créées et reconnues» rien qu'en Europe, relève le géographe et diplomate Michel Fouchet, conseiller scientifique de l'exposition. Dans la partie consacré aux «limites de l'Europe», l'exposition s'efforce de débusquer une autre contradiction, celle de l'espace Schengen, par laquelle «l'Europe donne l'illusion de s'ouvrir aux autres». Mais, «en fait, elle se rétracte sur elle-même», estime un journaliste du Monde diplomatique, dont les cartes étayent chaque «monde» traversé par le visiteur. Les frontières de l'Europe sont, pour les citoyens les plus pauvres, «parmi les plus dangereuses» à traverser, rappelle-t-il. D'après son décompte, en 10 ans, environ 10 000 personnes sont mortes en tentant de pénétrer dans le Vieux continent. L'exposition permet notamment de suivre le périple de Kingsley du Cameroun à Paris, via le Sénégal et le Maroc. Constat identique à la frontière américano-mexicaine, «la plus traversée au monde légalement et illégalement», signale Patrick Bard, un photo-reporter qui a passé six ans sur place Aussi, les victimes du conflit au Cachemire, le mur israélien en Cisjordanie et l'hermétique frontière nord-coréenne sont-elles, autant de preuves que les frontières ont de beaux jours devant elles.