Tradition n Le rituel se perpétue dans l'oasis de Djemora. Mais les «halqa» compensent aussi l'absence totale d'activités culturelles. La gaâda de ramadan, veillée typique de ce mois sacré dans l'oasis de Djemora, au nord-est de la wilaya de Biskra, regroupe toute la famille, les amis et les voisins, jusqu'à une heure tardive de la nuit. Tous les oasiens de Djemora, une localité située entre Biskra et Batna, ne renoncent pas au plaisir de la gaâda, durant le mois sacré, dès la fin du repas du f'tour, quels que soient leur âge et leur condition sociale. «C'est l'un des moments essentiels, dans la chaîne des rituels qui marquent la journée du ramadan, c'est également une halqa qui compense largement l'absence de manifestations culturelles à Djemora», ont affirmé plusieurs citoyens. Après le repas du f'tour, les lieux de rencontre attirent les habitués qui se regroupent de plus en plus nombreux, dans les cafés et les places publiques, avec les retardataires venant des mosquées ou même des localités voisines de Aïn Diab, Taref et Guedila. Certains groupes se retrouvent chaque soir autour d'une partie de dominos ou de cartes, entourés par les mêmes spectateurs qui se contentent d'encourager les meilleurs ou simplement de suivre la partie. D'autres consacrent la gaâda aux longues discussions à bâtons rompus, abordant tous les sujets de la vie quotidienne, les derniers évènements de la région, le travail, le marché ou les prix des produits de consommation. Jil Djemora, le club local de football, évoluant en championnat de division régionale II, est l'un des sujets favoris de discussion au cours de ces gaâdate. Ce sont, en général, des discussions fortement animées, passionnées même, si l'on en juge par les cris qui fusent de partout. Dans cette petite ville de 14 000 habitants, les femmes participent de leur côté, à la tradition de la gaâda, en effectuant des visites familiales ou de voisinage dans le but de resserrer davantage les liens entre elles. Selon M. Bessam, président d'une association locale activant dans le domaine social, l'enclavement, l'absence de loisirs et la clémence du climat dans la région ont favorisé l'attachement des oasiens de Djemora à la tradition de la gaâda, en particulier durant le ramadan.