La vox populi dit que le ramadan avait un «goût», une saveur qu'il n'a plus. Pour les natifs de Bir Djebbah, les rituels d?antan auraient disparu. Piété, solidarité et convivialité sont devenues rares. Il fut un temps pas très lointain où l?engouement pour ce mois sacré commençait dès chaâbane. Le ramadan était accueilli avec enthousiasme. Les réunions familiales s'y déroulaient autour de chants, contes, légendes et bouqala, témoignent des vieilles. La rupture du jeûne était marquée par des coups de canon ou, beaucoup plus loin dans le temps, par el-barrah qui annonçait le début du mois sacré. Les nostalgiques racontent aussi que les voisins se rencontraient pour faire des gâteaux au miel, maqrout et samsa. La chorba se préparait sur un nafakh, objet servant de feu à cuire contenant du charbon, donnant ainsi un goût spécial à cette soupe «à la braise». La veille, les familles se rendaient au Hammam (bain maure). C'était un mois pour les fêtes, les mariages, les circoncisions. Le 15e jour était une tradition de fête et un moment d?émotion. On y offrait de l?argent et des cadeaux.