Le premier onirocrite – c'est-à-dire interprète des rêves — dans l'Islam a été le prophète Mohammed. Ses biographes, ainsi que les recueils de traditions (hadiths) nous ont laissé non seulement des interprétations de rêves faites par le Prophète, mais aussi des considérations sur le rêve qui seront adoptées plus tard, comme principe de l'onirocritique ou interprétation des rêves. On dispose, par exemple, rapportée par El-Boukhari d'après le témoignage d'Abou Hurayra, de cette classification des rêves : «Les songes se divisent en trois catégories : ceux qui se rapportent à des souvenirs personnels, ceux qui sont des embûches du démon et ceux qui annoncent une bonne nouvelle de la part de Dieu.» (Dans le Çahih). A partir des rêves rapportés par El-Boukhari, on peut même constituer un premier répertoire des symboles oniriques : eau = bonheur, félicité ; beurre = Coran ; or = imposture ; chaîne = fermeté dans la foi, etc. Voici un exemple de rêve et d'interprétation. «Pendant que je dormais, raconte le Prophète, je vis en songe qu'on m'apportait une coupe de lait. J'ai bu jusqu'à ce qu'il m'en sorte par les ongles, ensuite, j'ai donné ce qui restait à Omar Ibn al-Khattab. Ce lait, c'était la science.» (D'après El-Boukhari). Au cours de son voyage céleste, on apporta au Prophète trois coupes : la première contenait du lait, la seconde du miel, la troisième du vin. «J'ai pris, dit-il, la coupe de lait et en bus. Alors on me dit : ''Tu as pris la bonne voie pour toi et pour ton peuple.''» (Rapporté par El-Boukhari). On exceptera de cette symbolique positive le lait aigre qui, à cause de son acidité, représente des biens acquis illicitement.