L'Islam, comme les autres religions monothéistes, croit à la vérité du rêve par lequel Dieu adresse des avertissements aux hommes ou leur annonce des événements futurs. Certes, le rêve n'est pas dépourvu d'incohérence quand il exprime les passions de l'âme, mais il est aussi une communication avec le monde de l'invisible, appelé al-ghayb. Dans un hadith célèbre, rapporté par Al-Boukhari, le Prophète a dit : «Le rêve véridique (c'est-à-dire celui qui transmet des messages de Dieu) est le plus bas degré de la prophétie.» Dans un autre hadith, il dira que «le rêve est un quarante-sixième de la prophétie». Le Coran emploie deux termes pour désigner le rêve : h'ulm et ru'ya. Ces deux mots appartiennent aux vieux fonds des langues sémitiques où elles désignent à la fois le sommeil et le rêve, mais le Coran va les distinguer par leur sens. H'ulm est employé dans le sens de vision chaotique, inspirée par le démon ; le mot apparaît avec ce sens dans le verset où les païens accusent le Prophète d'être un illuminé : «Ce sont des visions confuses (adghatu ah'lam), il l'a inventé (le Coran), c'est un poète...» (Coran, sourate 21, verset 25). Le second terme, ru'ya, s'applique à la vision onirique inspirée par Dieu. Le Coran rappelle au Prophète qu'il avait rêvé un jour qu'il conquérait La Mecque et que ce rêve qu'il avait oublié s'était réalisé (sourate 48, verset 27). Nous avons déjà évoqué, à propos des interprétations anciennes des rêves, le rêve de Pharaon d'Egypte, interprété par le prophète Joseph.