Après le Prophète et ses compagnons, le premier grand onirocrite de l'islam a été Ibn Sirîn. On peut même dire que c'est l'un des plus grand onirocrite du monde, bien qu'on doute que la plupart des écrits qui lui sont attribués soient de lui. A cause de son importance, nous lui consacrerons, ainsi qu'à ses interprétations, un exposé détaillé. Le deuxième grand onirocrite est Ibn Al-Muçayyab, qui a vécu et a exercé son activité sous le règne du calife Abdel Malik Ibn Marwan (fin du VIIe siècle - début du VIIIe siècle de l'ère chrétienne). Il a vécu avant Ibn Sirîn et il a été un grand interprète avant qu'Ibn Sirîn n'éclipse sa notoriété. Il n'a pas laissé d'œuvre écrite mais des interprétations faites par lui ont été transmises par les auteurs ultérieurs qui le tenaient en grand respect. Parmi les rêves qu'il a interprétés, on en cite un relatif à l'assassinat du calife Abdel Malik. Un jour, un homme est venu le trouver et lui a dit qu'il s'était vu en rêve terrassant le calife, puis lui enfonçant quatre pieux dans le dos. Ibn Al-Muçayyab lui dit : «Ce rêve n'est pas de toi mais de quelqu'un d'autre. Si tu ne me dis pas qui l'a fait, je ne l'interpréterai pas ! – C'est Ibn Zubayr qui a fait ce rêve, avoue l'homme. – S'il a vu vrai, dit Ibn Al-Muçayyab, il tuera le calife Abdel Malik et de sa descendance naîtront quatre califes.» (rapporté par Ibn Saïd, dans les T'abaqât al-kubra) Certains symboles de l'onirocritique musulmane proviennent d'Ibn Al-Muçayyab, comme l'ombre, assimilée à l'islam, le soleil brûlant à l'impiété, la chute de dent à la mort d'un proche, l'urine à la progéniture, etc.