Reconversion n Plusieurs commerçants ont transformé leur négoce pour produire et vendre cette zlabia spéciale durant ce mois sacré de ramadan. C'est une tradition ancestrale à laquelle les habitants de la localité tiennent toujours. Dans la région de Khroub, meïdat el-f'tour est toujours ornée de la traditionnelle pâtisserie sbaâ laâroussa, incontournable pour les jeûneurs. Cette friandise, variété améliorée de la fameuse zlabia préparée à base de farine et de miel ou de sucre, est particulièrement prisée, notamment par les familles originaires de cette agglomération de plus de 120 000 âmes, la deuxième ville de la wilaya de Constantine. Beaucoup d'amateurs locaux de cette zlabia spéciale, en forme de deux longs doigts ou sbaâ écarlates et entrelacés, d'où la référence à ceux parés de henné de la jeune mariée (laâroussa), préfèrent la déguster chaude, aromatisée d'eau de fleur d'oranger ou d'eau de rose. Souvent, les habitués savent à quelle porte frapper pour avoir le privilège d'acheter leur ration quotidienne de ce gâteau dont les ingrédients sont pourtant simples et à la portée de tout le monde. «Ce qui est différent, c'est la manière de faire, un dosage très précis de ces ingrédients et surtout beaucoup d'amour du métier et d'attention pendant la préparation, ce qui est un don que seuls les initiés possèdent», affirme, du fond de sa boutique, âmmi Mohamed, un dynamique sexagénaire khroubi qui a passé la moitié de sa vie à exercer ce métier, qu'il qualifie de «véritable art». L'engouement a fait tache d'encre au niveau local et, par le bouche-à-oreille, le phénomène a fini par gagner les plus réticents qui se sont mis également à former de longues files devant les devantures des «pâtisseries spécialisées». Produire et vendre sbaâ laâroussa est «une véritable mine d'or» qui a encouragé beaucoup de commerçants, non initiés, à transformer leur négoce pour devenir, du jour au lendemain, vendeurs de zlabia, de m'garguechet ou encore de qnidelette et autres friandises, objets d'une forte demande pendant le mois sacré. Le succès enregistré a atteint d'autres jeûneurs, de passage ou étrangers à la ville, friands de ce genre de halwa, ce qui la conforte davantage ainsi sa position de «reine de la meïda du f'tour du ramadan». L'envie irrésistible de la déguster juste au moment de la rupture du jeûne a contribué à la prolifération des zlabdjia (préparateurs et vendeurs de zlabia) dont nombre d'entre eux sont mal vus par les vrais professionnels du métier qui les qualifient de «parasites», «intrus irresponsables» ou encore «opportunistes inconscients et sans remords», en quête de gain facile au détriment de la santé publique, «faisant fi des normes et des conditions d'hygiène à observer». Limitée dans le temps, la réputation de sbaâ laâroussa locale a gagné d'autres villes limitrophes comme les habitants du chef-lieu de wilaya qui n'hésitent pas à se déplacer jusqu'à Khroub quotidiennement pour s'y approvisionner.