Des bars, des drogueries, des locaux de partis politiques, des librairies... se transforment, le temps d'un ramadan, en locaux où se vend la zlabia... C'est la débandade, la foire à la zlabia. On y trouve toutes les variétés à tous les coins de rue, N'gaous, banane, Boufarik, zlabia el-hamra...Durant le mois sacré, le commerce est «halal». agissant suivant ce credo, des commerçants «d'un mois» transforment tout ce qui porte un rideau en local de zlabia. Partout sur le territoire national, particulièrement au niveau de la capitale, cette reconversion s'affiche comme un mot d'ordre national. Juste le temps nécessaire aux consommateurs pour retrouver leurs «marques» financières et s'adapter au rituel culinaire imposé par la circonstance. Des bars, des drogueries, des librairies et même des locaux de partis politiques participent à cette «foire ramadanesque» juste le temps nécessaire à ces commerçants pour retrouver leur esprit de croyants, pour ne plus être des «marchands de temple» et pour faire le plein en monnaie bien sonnante et trébuchante. Le statut de ces «commerçants d'un mois» n'est pas nécessairement en bas de l'échelle sociale. Un importateur en électroménager et de surcroît enseignant à l'université de Bab Ezzouar ne s'est pas trop creusé les méninges durant ce mois sacré. Il étale de la zlabia et du kalbellouz dans son local et ça marche, il faut bien trouver quelque chose pour arrondir ses fins de mois, non? «Le temps est au commerce maintenant», déclare-t-il à l'endroit d'un citoyen, étonné de voir l'enseignant mettre la main à la pâte. Un autre commerçant, du même acabit, a trouvé mieux que notre enseignant. Il transforme son local au gré des saisons: de la karantita en hiver, des glaces en été et, comme passage obligé, de la zlabia durant le ramadan. Que faut-il faire pour éliminer ces dérives commerciales nées de dérapages ramadanesques? Rien, car cette «perturbation» n'étonne que ceux qui veulent bien s'étonner ou qui veulent toujours étonner les autres (comme c'est le cas des journalistes et, à l'approche des échéances électorales, les politiciens). Pourtant très prisé par les citoyens, le prix de la zlabia n'a pas tellement varié par rapport à l'année dernière. L'offre suffit largement à la demande, elle est cédée à un prix oscillant entre 80 et 120 DA, c'est suivant le lieu et la qualité. A propos de la qualité justement, aucun contrôle n'est effectué par les services concernés. Il y a une propension au «laisser-faire - laisser-aller». L'huile utilisée pour la friture est «frelatée» car réutilisée plusieurs fois tout le mois, cela sans compter les autres conditions d'hygiène qui règnent dans ces locaux «aménagés» à la va-vite. Pour les conditions d'exposition, c'est une autre histoire. En attendant, le citoyen fait ses emplettes durant la journée, avant de consacrer le dernier quart d'heure du jeûne aux divers petits achats, et c'est là qu'il succombe devant les monticules de zlabia dorée et croustillante. «Un kilo s'il vous plaît», lance-t-il, avalant sa salive et sans même demander le prix.